Pour celui qui parcourt le Japon sans en connaître la langue, les signes, omniprésents, apparaissent dans toute leur étrangeté, vides de sons et de sens. Ainsi délivrés de tout signifiant ils révèlent leur fascinante beauté.

La courbe me semble être l’ élément primordial de l’esthétique nippone. Au fil du temps, par la création des hiragana et des katakana ils ont inclus la courbe dans leur complexe système d’écriture, basé à l’origine sur les caractères chinois (Kangi) aux lignes plutôt droites.

Dans l’art de l’estampe les Japonais courbent à l’extrême ce qui l’est déjà comme une fleur de lotus, une vague, les bords d’un nuage… mais aussi ce qui ne l’est pas forcément : un oiseau, une barque, un pont, le Mont Fuji, une cascade, un paysage sous la neige, un pin ou les plis du kimono d’une femme de la cour, tout tend vers la courbe.
Il en est de même pour le tracé du pinceau qui, dans l’art de la calligraphie, jaillit de l’encrier sur la feuille de papier de riz.

Voici quelques illustrations de cette étrangeté des signes, de cette omniprésence de la courbe, glanées au fil de nos promenades japonaises.



For those who travel through Japan without knowing the language, the signs, omnipresent, appear in all their strangeness, empty of sounds and meaning. Thus delivered from all signifier they reveal their fascinating beauty.
The curve seems to me to be the primordial element of Japanese aesthetics. Over time, through the creation of hiragana and katakana they have included the curve in their complex writing system, originally based on Chinese characters (Kangi) with rather straight lines.

In the art of printing, the Japanese bend to the extreme what is already like a lotus flower, a wave, the edges of a cloud… but also what is not necessarily: a bird, a boat, a bridge, Mount Fuji, a waterfall, a landscape under the snow, a pine or the folds of the kimono of a woman of the court, everything tends towards the curve.
The same applies to the drawing of the brush which, in the art of calligraphy, gushes from the inkwell on the sheet of rice paper.
Here are some illustrations of this strangeness of signs, of this omnipresence of the curve, gleaned through our Japanese walks.