- Digression sur une pomme de terre -
Elle est tombée par hasard
Comme arrivée de nulle part
Elle m’a fracassé la tête
Et je me suis senti tout bête.
Je n’ai pas pu léviter
C’est la théorie de la gravité
Elle m’a regardé elle m’a dit
Moi je suis la Pomme de Cœur
Si tu veux un peu de douceur
Alors je t’annonce la couleur
Dans ma tête tout est chamboulé
J’en ai été retourné
Elle me poursuit jour et nuit
Pas un moment de répit.
C’est grave, vite mais sans thé au riz,
Je veux croquer, ô malheur
Cette damnée Pomme de Cœur
Je veux passer bien des heures
Avec cette satanée Pomme de cœur
Envie, jolie, folie…Pomme de Cœur !!...
- Le côté sud de la frontière -
Depuis longtemps je marche,
A la lisière, à la bordure.
La nuit m'enveloppe
Il fait si froid
Long voile d'ennui
Me glace.
Imprévisible la douce lueur
Surgit du bas de l'escalier
Désir soudain,
L'aimant m'attire irrésistible
Et je descends les quelques marches.
J'entrouvre la porte,
Je suis saisi.
Yeux de lumières
Qui me transpercent
Il faut gouter
Chaque mot, chaque geste
Tant de beauté, tant de promesses
Vite écouter, prendre ou donner
Figer le temps.
Et s'agripper ne pas tomber
Du côté sud de la frontière
Un bruit une ombre
L'instant se brise, il faut partir.
L'étoile filante s'est éteinte
Grand Jacques murmure
Qu'il est si tard
Qu'il faut rentrer
Ne pas franchir la ligne jaune
Ne pas passer
Du côté sud de la frontière.
Je ferme la porte, dehors est vide
Désert, glacial.
Il faut gravir
Les quelques marches
Et repartir.
Faut-il poursuivre,
A la bordure
Côté obscur de la faiblesse.
Tout bousculer
Et basculer ?
Rêver encore...
Au côté sud de la frontière
Au souvenir des impossibles.
Illuminé de quelques torches
Diffusant une faible lueur,
C'était un phare une lumière,
Pour l'occident une splendeur.
Rayon cosmique venu des cieux
Tombant, céleste, tel un éclair,
Jadis symbole resplendissant.
Aujourd'hui la lumière aveuglante
Fournie pas les générateurs
Alimentant les projecteurs
Monte du sol, se fait rasante.
Et paradoxale ironie,
Eclaire un Ciel si vide de sens !
Il était tôt, la plage déserte
la mer très loin s'est retirée
Emportant au large mes pensées
dont les méandres étranges galeries
Serpentent en étranges rêveries
Seul à troubler l'espace figé
Un goéland au vol si pur
D'un cri strident déchire l'azur
Dans le même temps dans mon jardin
Creuse la taupe aux jolis yeux
Creuse la taupe aux yeux si bleu.
Soudain mon oeil est en alerte
Relief brisant l'espace monotone
Aspérité rompant l'uniforme
Un crustacé bombant le torse
affleure du sable me faisant signe
Et cette coquille bien solitaire
sur mon chemin ne compose-t-elle
un raccourci des plus curieux
Entre le songe et le réel
Je creuse bien vite la silice
pour libérer le beau présent
Du vieux Neptune qui par malice
L'a fait paraître au mécréant
Merci Neptune pour ce présage
Qui sera de tous mes voyages
A cet instant
Seul à troubler l'espace figé
Un goéland au vol si pur
D'un cri strident déchire l'azur
Dans le même temps dans mon jardin
Creuse la taupe aux jolis yeux
Creuse la taupe aux yeux si bleu.
Ne te retourne pas
Hier n'était qu'un songe
Viens, marchons
Prends ma main
Au bout du tunnel
Vois ces torrents de lumière
Allons, sortons de la nuit
Pressons le pas
Serre ma main
Demain il fera beau.