- Le côté sud de la frontière -
Depuis longtemps je marche,
A la lisière, à la bordure.
La nuit m'enveloppe
Il fait si froid
Long voile d'ennui
Me glace.
Imprévisible la douce lueur
Surgit du bas de l'escalier
Désir soudain,
L'aimant m'attire irrésistible
Et je descends les quelques marches.
J'entrouvre la porte,
Je suis saisi.
Yeux de lumières
Qui me transpercent
Il faut gouter
Chaque mot, chaque geste
Tant de beauté, tant de promesses
Vite écouter, prendre ou donner
Figer le temps.
Et s'agripper ne pas tomber
Du côté sud de la frontière
Un bruit une ombre
L'instant se brise, il faut partir.
L'étoile filante s'est éteinte
Grand Jacques murmure
Qu'il est si tard
Qu'il faut rentrer
Ne pas franchir la ligne jaune
Ne pas passer
Du côté sud de la frontière.
Je ferme la porte, dehors est vide
Désert, glacial.
Il faut gravir
Les quelques marches
Et repartir.
Faut-il poursuivre,
A la bordure
Côté obscur de la faiblesse.
Tout bousculer
Et basculer ?
Rêver encore...
Au côté sud de la frontière
Au souvenir des impossibles.