Photo : Maité dans les années 30. En médaillon Robert sensiblement à la même époque
Qu’en est-il à mon avis de Maité et Robert ?
Disons en préambule que ces deux êtres n’auraient jamais dû se rencontrer.
Cette prise de contact a signé le malheur à vie de Maité Cabanne. Elle n’a
pas su discerner, à cause de son état d’amoureuse, à quel être elle avait
affaire. De nombreux signaux auraient dû l’alerter. Elle ne les voyaient
pas ou n’en tenait aucun compte.
Résumé daté de l'escalade inconsciente, non pas de l'Ossau, mais vers
un héros fictif égoiste et pas toujours honnête. :
1932 * Première rencontre avec Robert au pic du midi d'Ossau
1932-1933 - Courrier amoureux adressé à Robert lors de son service
militaire à Embrun-La Cochette; ça ne lui déplaît pas, se qualifiant
lui-même "d'ours pyrénéen"
1933-1938 - Visites assidues de Maité à Robert dans sa chambre de la
villa El Patio, appartenant à sa mère.
Elle ne trouve pas étrange, qu'à son âge, il vive encore chez sa mère.
1938 - Mariage Maité-Robert
1939 - Maité fonce au Boulou lors du rassemblement des éclaireurs-skieurs
des Pyrénées en début de guerre. Elle se doit, comme toujours,de soutenir
le moral de son chéri.
1940-1941 - Maité accepte la rudesse du col de Porte (Chartreuse) où Robert
est muté dans le cadre de Jeunesse et Montagne. Voir :
Jeunesse et Montagne (jm), par Marcellin Bérot
https://pbase.com/image/36227313
1941 Naissance à Pau du premier enfant. Robert, occupé au centre
jm de Cauterets (col de Riou) ne vient même pas embrasser le
nouveau-né. C'est un anonyme qui le déclare à la mairie (un
document en atteste)..
Cultivée, curieuse et sociable, Maité avait pensé trouver l'âme
soeur, bien différente de ses précédentes relations. Robert en
fait un récit pervers dans le fameux Cahier Vert de 1967. Il tord la
réalité et ment pour renforcer ses arguments en ajoutant des faits
imaginaires à son récit d’ensemble. Il croit ce qu’il écrit
et ne dit jamais qu’il a aimé la mère de ses quatre enfants
dont il a eu le plus grand mal à se débarrasser, selon lui.
Donc au départ erreur de casting pour Maité. Mais essayons de
nous mettre à sa place, même un peu, et on comprendra.
Lors de sa sortie à l’Ossau elle a été fascinée par ce héros
qui courait - que dis-je- volait de cime en cime sans effort
apparent, bien loin des êtres fallots qu’elle avait connus
jusqu’alors. Ajoutez à cela que sa vie familiale n’était pas
drôle. Fille aînée elle devait remplacer sa mère qui avait
démissionné et était confrontée aux mille soucis d’une famille
nombreuse qui ne faisait rien pour l’aider. Un père grognon
et malade s’ajoutait au tableau de la famille Cabanne d’alors.
Tout changeait pour elle à présent. Elle avait son héros,
célibataire de surcroît, et quasiment voisin de chez elle à
Pau. Mais elle ne savait pas que ce « héros » vivait
aux crochets de sa mère. Tout en s’en défendant il lui devait
tout et dépendait totalement d’elle. Il faisait ce qu’il voulait
et menait sa vie à mille lieues des contingences d’une famille banale.
Au lieu de courir le guilledou comme tout un chacun à son âge
il préférait se branler sans sa turne en souhaitant que le hasard
lui apporte ce qu’il n’osait rechercher par lui-même.
Et voilà qu’une jolie fille vient l’interpeller sous sa
fenêtre à une heure où tout le monde dort, y compris la mère
de son locataire permanent de fils. Mais elle ne
dort que d’un oeil et les appels feutrés de Maité parviennent à ses
oreilles attentives. Elle n’estime pas le procédé très correct mais
elle se résigne. Il est temps que son fils se dévergonde un peu,
lui lâche la grappe et pense à lui donner des petits enfants au lieu
d’aller courir ces montagnes de malheur.
C’est ainsi que Blanche, la mère de Robert, fut le témoin involontaire
des visites répétées de Maité. Laquelle n’utilise surtout pas la porte
d’entrée de la villa - question de discrétion - mais escalade le
balcon de la chambre de Robert en s’aidant de la plante grimpante
qui lui sert d’ornement.
Soir après soir le père Ollive s’en donne à coeur joie. Au diable la
branlette dégradante et stérile. Son énorme bite peut enfin jouir
dans les entrailles d’une femelle. Peu importe qui elle est. Comme
toujours il n’y voit que son plaisir égoiste sans se préoccuper des
conséquences de ses actes. N’y connaissant rien il ne pense même pas
à se protéger et un jour, patatras, Maité déclare qu’elle est
enceinte - vrai ou faux ? les 4 enfants qu’elle a eus par la
suite pencherait pour le vrai. La fausse couche qui a hanté sa
vie et dont elle parla souvent provenait certainement de ces ébats
sans frontières. Lui pensa aussitôt à une stratégie infâme pour l’obliger
à se marier. Sa mère fut mise au courant
On se demande comment et pourquoi, et applaudit des deux mains.
L’âge venant elle commençait à désespérer d’avoir
des petits enfants qu’elle pourrait chérir et gâter. Des petit enfants
qui ne pourraient être que différents de son chenapan de fils qui
lui en avait fait voir de toutes les couleurs, et pas des plus belles.
Illusions des parents qui croient que si la vie de leur rejeton est changée
par le mariage il va s’assagir.et prendre enfin ses responsabilité d’homme
responsable (même illusion pour ceux qui pensent que le venue d’un anfant
peut stabiliser un couple qui ne s’entend pas. Pauvre enfant !)
Le Robert, habitué à faire ce qu’il veut dans la vie, piaffe, hurle et c’est
tout juste s’il ne se roule pas par terre. On a sa petite dignité que
voulez-vous.. Quoi que dise sa mère il ne l’écoute pas. Il n’a pas beaucoup
d’arguments pour sortir de ce qu’il considère comme un piège
. Un seul lui vient à l’esprit : Maité est issue d’une famille^plus pauvre
que pauvre. Aucune dot, aucun bénef lié à un héritage. Rien, que dalle,
des nèfles. Blanche connaît ces arguments largement développés par son père
Antoine Froment lorsqu’elle a désiré se marier avec le beau militaire
qu’elle avait choisi, Jean-Marie Ollivier, bien pauvre lui aussi et,
honte suprême, issu de l’accouplement d’une mère célibataire, Perrine
Joséphine Olivier, et d’un père inconnu. Blanche a réussi à vaincre
l’intransigence de son père. Et voilà qu’elle n’arrive pas à convaincre
son propre fils. Lequel n’a pas honte pourtant de dépendre financièrement
de sa mère. Elle a l’intuition qu’il faut pousser dans ce sens. Pas question
d’augmenter sa rente, il pourrait esquiver le mariage et s’installer au
loin. Ce qui n’est pas invraisemblable. Adieu alors les petits enfants
et tout ce qui va avec. Que faire ? Que proposer ?
Elle possède de l’argent qui dort, issu de divers héritages et ses besoins sont
microscopiques. Pour retenir ce fils prodigue elle lui propose de lui offrir
une villa toute neuve à proximité de sa maison El Patio et plantée dans
un terrain suffisamment grand pour l’isoler d’un voisinage gênant.
A ces mots Robert arrête de hurler et de trépigner. Il reste bouche ouverte
se demandant si c’est du lard ou du cochon. Une villa toute neuve, un
grand terrain ? Lui qui n’avait rien possédé jusqu’à présent en est tout
ébahi. Il lui semble que le jeu en vaut la chandelle. Ce n’est pas ce fil
à la patte qui l’empêchera de faire ce qui lui plaît comme toujours depuis
sa naissance. Un tien vaut mieux qu’un héritage qu’il estime lointain -
il y pense déjà. Il sera toujours temps de se débarrasser des gêneurs.
Il accepte donc la proposition au grand soulagement de Blanche, qui rêve
alors à un avenir lumineux, loin de la triste solitude dans sa maison El Patio.
Est ainsi scellé l’avenir abomidale de Maité et des enfant qu’elle aura.
Un terrain est acheté, un architecte est contacté, Henri Sarrailhé, oncle
de Maité, offre sa participation (il deviendra mon parrain). C’est
l’entreprise Loria qui doit bâtir la nouvelle villa. Nous sommes en 1938.
En novembre 1938 Maité et Robert se marient à St Savin et étrennent
la villa. Tout semble aller pour le mieux. E pourtant...
La guerre frappe à la porte et dès 1939 Robert doit rejoindre un
bataillon de chasseurs alpins pyrénéens dans la cité balnéaire du Boulou
dans les Pyrénées Orientales. Le conflit traîne en longueur (la « drôle
de guerre »), les affectations tardent à venir et ce jusqu’à la défaite finale.
Alors que rien ne l’y obligeait Maité est venue au Boulou pour
soutenir le moral de son « héros ». Elle a pleinement apprécié ce
pays du Boulou si différent de ses Basses Pyrénées natales. Ici
il pleuvait moins souvent, un soleil généreux, des gens à l’image
de leur pays, une nourriture délicate, un vin du Roussillon délicieux
et tout à l’avenant pour elle, ouverte et réceptive aux nouveautés à
l’inverse de son héros qui s’en moquait bien, perdu dans ses pensées
de militaire affolé par la guerre. Ce Boulou !... des années plus tard
Maité en parlait encore, réveillait des souvenirs heureux, parlait
des gens qu’elle avait connus comme s’ils habitaient la rue d’à côté.
15 ans après son séjour au Boulou elle découvrit avec un plaisir
immense un négociant en vin du Roussillon installé dans la ville de Pau,
comme un peu de la lumière du Roussillon qui venait vers elle au travers
des discussions avec ce négociant tombé du ciel, Mr. Baylar.
Le mari de Maité était imperméable à toute poésie à cette époque.
Il ne songeait qu’argent, héritage ; montagne aussi, mais pas n’importe
quelle montagne, il fallait qu’elle lui apporte la célébrité.
Tout ceci aurait dû alerter Maité, mais comme chacun sait l’amour est
aveugle... elle continuait à se bercer d’illusions, pensant que
son héros l’aimait aussi puisqu’il l’avait épousée malgré sa pauvreté. Elle
considérait cela comme une garantie d’avenir suffisante. Quelle erreur !
Autre évènement, et pas des moindres, la mutation de Robert au col
de Porte en Chartreuse dans le cadre de l’organisation du groupe Jeunesse
et Montagne destinée à secouer les puces d’une jeunesse apathique et démoralisée.
Voir : https://pbase.com/image/36227313