Plan du voyage
Le voyage projeté devait nous mener de Santiago à Potosí par le désert d'Atacama et le Salar d'Uyuni. L'un des points forts de notre itinéraire était en effet les mines d'or et d'argent du sud de la Bolivie, que nous espérions visiter. Nous pensions par la suite revenir au Chili par le parc nationale Lauca, passer quelques jours à Arica pour découvrir les vestiges archéologiques de la région, et redescendre à Santiago par avion.
Mais nous sommes arrivés à Uyuni alors que la Bolivie était aux prises avec de violentes manifestations qui, là-bas, se traduisent par des barrages routiers auxquels il est déconseillé de vouloir faire face. C'est donc par l'Argentine que, rapidement, nous avons quitté la Bolivie, pour découvrir un coin d'Amérique latine dont nous savions fort peu de choses, et qui allait nous réserver de belles surprises...
Au total, 6300 kilomètres environ à travers l'Amérique du Sud, parcourus à pied, en avion, à cheval et en voiture!
Légende: Les deux itinéraires, celui prévu initialement (en noir et turquoise pointillé) et le parcours définitif (en bleu foncé et turquoise). Le bleu foncé représente les trajets en avion.
17-JUL-2007
Vue sur l'Aconcagua (6962 m.)
Nous arrivons à Santiago vers 7h30 du matin. Il y a peu de lumière, mais avant de plonger dans le brouillard, le soleil levant sur la Cordillère nous offre quelques images magnifiques.
Ici, passage devant l'Aconcagua, point culminant des Andes.
Santiago, à ce stade, n'est qu'une étape. Notre destination réelle est Calama, à 1600 kilomètres au nord. Après dix-sept heures de voyage, la journée d'attente s'annonce pénible et nous flânerons donc à Santiago entre le marché aux poissons, la colline de Santa Lucía et quelques foires artisanales.
17-JUL-2007
Vue de Santiago au décollage pour Calama
18-JUL-2007
Rue de Calama
A 2250 mètres d'altitude, Calama, avec ses 150'000 habitants, est l'une des villes importantes du grand désert du nord. A 16 kilomètres, la mine de cuivre de Chuquicamata, la plus importante mine à ciel ouvert du monde, représente la première richesse du pays. Mineurs et touristes en route pour les hauts plateaux ou pour le désert d'Atacama se croisent donc dans cette cité un peu glauque, très chère et sans grand intérêt. Nous nous arrêtons un jour pour nous reposer et pour voir la mine. L'occasion aussi de se faire au climat étrange de ces contrées: les températures sont négatives de 22h à 8h, et à la mi-journée, on se promène en t-shirt...
18-JUL-2007
Calama: reconstitution du village de Chiu Chiu
A la sortie de Calama, un musée permet de prendre connaissance de l'histoire et de la culture régionale. On y trouve une documentation importante sur les peuples indigènes, l'histoire de la mine, la géologie, la faune et la flore du désert.
18-JUL-2007
Calama: Mural en hommage à Gladys Marín
18-JUL-2007
Chuquicamata
Il faut, pour tenter de « comprendre » Chuquicamata, imaginer un trou de 8'000 m2 et 1250 mètres de profondeur, dont on extrait chaque année, à raison de plusieurs dynamitages quotidiens, un million de tonnes de cuivre. Au total, le Chili en produit annuellement 1'800'000. Il faut encore savoir que pour obtenir 1 kg. de cuivre, on raffine 100 kg. de roche… Chaque jour, on excave à Chuqui 600'000 tonnes de minéral et ce « miracle » n’est possible que grâce à deux éléments essentiels : l’utilisation de machines démentielles et l’exploitation de la mine 24 heures sur 24. Au milieu de la nuit, lorsque tout fonctionne au ralenti, 900 personnes sont présentes sur le site. Les camions qui transportent la matière première sont, à eux seuls, un spectacle. Bien plus grands qu’un homme, leurs 12 pneus coûtent 15'000 dollars chacun et sont changés deux fois par année. A chaque trajet, les camions transportent 400 tonnes de pierre.
C’est la famille Guggenheim (celle des musées) qui, en 1915, inaugura l’histoire de Chuquicamata. Une ligne de chemin de fer traversait le désert d’Atacama en direction de la côte chilienne (Antofagasta), d’une part, et de la Bolivie d’autre part, Calama étant ainsi un important nœud ferroviaire. Il ne reste plus, désormais qu’une liaison hebdomadaire vers l’une et l’autre de ces destinations. Nationalisée en 1971 par Salvador Allende, Chuquicamata est aujourd’hui la première ressource nationale du Chili, et la dernière grande entreprise d’État.
Chuquicamata ne pourrait être que cet amas de chiffres plus ou moins glorieux. Ou encore, un paysage plein de contradictions : d’un côté, les montagnes gigantesques créées par l’homme, en un peu moins d’un siècle d’exploitation industrielle, de l’autre le relief naturel, masses grisâtres, anciens glaciers peut-être, qui portent partout les traces d’une eau depuis longtemps tarie ; d’un côté la fascination qu’exerce immanquablement le désert, de l’autre le sentiment d’oppression que provoquent ces paysages désolés, dans lesquels fourmillent machines étranges, camions gigantesques, bus remplis d’ouvriers. « Chuquicamata est la scène d’un drame moderne », écrivait Che Guevara en 1952. « On ne peut pas dire qu’elle manque de beauté, mais c’est une beauté sans grâce, imposante et glaciale. » Au-delà du paysage, pourtant, il y a cet élément troublant : Chuquicamata, il y a encore 2 ou 3 ans, c’était aussi une ville, 2 écoles, un théâtre gigantesque, plusieurs centres culturels, un atelier d’arts et lettres, des terrains de sports, et l’hôpital le plus performant du Chili. Or l’une des principales activités des mineurs, aujourd’hui, en marge de l’exploitation proprement dite, consiste à détruire les montagnes artificielles qui bordent la ville de Chuquicamata, pour enterrer toutes les constructions sous des tonnes de sables. Quelques irréductibles ont refusé de partir, mais la ville a été vidée et officiellement fermée au début de l’année 2007. On a construit, en banlieue de Calama, des quartiers résidentiels dans lesquels ont été en partie relogées les centaines de familles de Chuquicamata. La guide de la visite nous donne l’explication officielle de cet enfouissement de Chuqui : CODELCO, l’entreprise étatique qui gère l’exploitation du cuivre dans tout le Chili, a dû se soumettre aux normes internationales qui interdit toute résidence à moins de 10 kilomètres d’une mine de ce type. Pourquoi ? Silence. Après avoir écouté le compte-rendu détaillé des sommes impensables engagées chaque années dans la grande mine du nord, nous irons flâner entre les maisons condamnées, les structures semi-détruites, les vastes terrains grillagés promis à l’ensevelissement.
18-JUL-2007
Vers le centre de la terre
18-JUL-2007
Au pays des géants
Pour se donner une idée des dimensions de ce camion, il faut se rendre compte que le véhicule qui le suit est un minibus 12 places...