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Nathalie Vuillemin | all galleries >> Liste des galeries / List of galleries >> Andes 2007 > Chuquicamata
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18-JUL-2007

Chuquicamata


Il faut, pour tenter de « comprendre » Chuquicamata, imaginer un trou de 8'000 m2 et 1250 mètres de profondeur, dont on extrait chaque année, à raison de plusieurs dynamitages quotidiens, un million de tonnes de cuivre. Au total, le Chili en produit annuellement 1'800'000. Il faut encore savoir que pour obtenir 1 kg. de cuivre, on raffine 100 kg. de roche… Chaque jour, on excave à Chuqui 600'000 tonnes de minéral et ce « miracle » n’est possible que grâce à deux éléments essentiels : l’utilisation de machines démentielles et l’exploitation de la mine 24 heures sur 24. Au milieu de la nuit, lorsque tout fonctionne au ralenti, 900 personnes sont présentes sur le site. Les camions qui transportent la matière première sont, à eux seuls, un spectacle. Bien plus grands qu’un homme, leurs 12 pneus coûtent 15'000 dollars chacun et sont changés deux fois par année. A chaque trajet, les camions transportent 400 tonnes de pierre.
C’est la famille Guggenheim (celle des musées) qui, en 1915, inaugura l’histoire de Chuquicamata. Une ligne de chemin de fer traversait le désert d’Atacama en direction de la côte chilienne (Antofagasta), d’une part, et de la Bolivie d’autre part, Calama étant ainsi un important nœud ferroviaire. Il ne reste plus, désormais qu’une liaison hebdomadaire vers l’une et l’autre de ces destinations. Nationalisée en 1971 par Salvador Allende, Chuquicamata est aujourd’hui la première ressource nationale du Chili, et la dernière grande entreprise d’État.
Chuquicamata ne pourrait être que cet amas de chiffres plus ou moins glorieux. Ou encore, un paysage plein de contradictions : d’un côté, les montagnes gigantesques créées par l’homme, en un peu moins d’un siècle d’exploitation industrielle, de l’autre le relief naturel, masses grisâtres, anciens glaciers peut-être, qui portent partout les traces d’une eau depuis longtemps tarie ; d’un côté la fascination qu’exerce immanquablement le désert, de l’autre le sentiment d’oppression que provoquent ces paysages désolés, dans lesquels fourmillent machines étranges, camions gigantesques, bus remplis d’ouvriers. « Chuquicamata est la scène d’un drame moderne », écrivait Che Guevara en 1952. « On ne peut pas dire qu’elle manque de beauté, mais c’est une beauté sans grâce, imposante et glaciale. » Au-delà du paysage, pourtant, il y a cet élément troublant : Chuquicamata, il y a encore 2 ou 3 ans, c’était aussi une ville, 2 écoles, un théâtre gigantesque, plusieurs centres culturels, un atelier d’arts et lettres, des terrains de sports, et l’hôpital le plus performant du Chili. Or l’une des principales activités des mineurs, aujourd’hui, en marge de l’exploitation proprement dite, consiste à détruire les montagnes artificielles qui bordent la ville de Chuquicamata, pour enterrer toutes les constructions sous des tonnes de sables. Quelques irréductibles ont refusé de partir, mais la ville a été vidée et officiellement fermée au début de l’année 2007. On a construit, en banlieue de Calama, des quartiers résidentiels dans lesquels ont été en partie relogées les centaines de familles de Chuquicamata. La guide de la visite nous donne l’explication officielle de cet enfouissement de Chuqui : CODELCO, l’entreprise étatique qui gère l’exploitation du cuivre dans tout le Chili, a dû se soumettre aux normes internationales qui interdit toute résidence à moins de 10 kilomètres d’une mine de ce type. Pourquoi ? Silence. Après avoir écouté le compte-rendu détaillé des sommes impensables engagées chaque années dans la grande mine du nord, nous irons flâner entre les maisons condamnées, les structures semi-détruites, les vastes terrains grillagés promis à l’ensevelissement.

Canon EOS 20D
1/320s f/10.0 at 21.0mm iso100 full exif

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