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Lescun et les pics de Billare

Avant-propos par R. OLLIVIER

Un guide pour tous

Selon une formule qui a fait ses preuves depuis longtemps, ce guide s'adresse à toutes les personnes qui pratiquent la montagne sous quelque forme que ce soit : promenades, randonnées, ascensions classiques ou escalades.
Certains lecteurs se demanderont peut-être pourquoi un guide particulier n'a pas été rédigé pour chacune de ces spécialités? Nous allons tenter de répondre à cette question, apparemment fort logique.
Il existe déjà des ouvrages uniquement consacrés - en principe - aux simples promenades ou randonnées sur sentiers plus ou moins balisés. Les principaux de ces topo-guides ont été édités sous l'égide du Comité National des Sentiers de Grandes Randonnées. Cette formule offre une excellente possibilité d'initiation à la montagne. Mais est-elle toujours bien respectée dans son esprit et dans la pratique ?
En examinant d'un peu près les divers fascicules des Sentiers de Grandes Randonnées, on s'aperçoit que certains itinéraires entraînent l'usager en haute montagne ; ils lui font franchir des cols longtemps enneigés (Hourquette d'Ossoue, 2734 m) ; ils se faufilent sur des terrains très spéciaux comme les lapiaz du Soum Couy, parsemés de gouffres profonds. La perte de la piste et des balises dans un tel secteur, par brouillard ou mauvais temps, peut transformer ce labyrinthe en un redoutable piège.
C'est ainsi que la conception la plus proche des apprentis montagnards et des adeptes de la « montagne douce » ne peut s'empêcher, elle-même, de mélanger les genres.
Il nous est arrivé, à nous aussi, d'écrire un guide destiné à une seule catégorie de « clients »: les grimpeurs. C'était notre premier ouvrage et le premier de ce genre dans les Pyrénées. Le résultat s'est révélé assez curieux. Une forte cordée réussit un jour la première traversée hivernale de l'arête de Costerillou, au Balaïtous. Parvenus au sommet à la nuit tombante, ces grimpeurs de premier plan se trouvèrent fort embarrassés : ils ne connaissaient aucune voie
normale... et ils bivouaquèrent au sommet, à 3145 mètres d'altitude, sans matériel et avec un équipement vestimentaire qui n'avait rien à voir avec celui dont bénéficient aujourd'hui les réalisateurs des grandes hivernales.
S'il est facile de conclure que les itinéraires difficiles ne peuvent se passer des voies normales, il est moins évident, à première vue, dans les Pyrénées tout au moins, que l'escalade puisse être utile aux randonneurs et autres amateurs de voies classiques. Et cependant...
Il suffit de lire les faits divers d'un quotidien pour se rendre compte que des promeneurs ou randonneurs, absolument dépourvus de tout souci de gloire alpine, trouvent en montagne des aventures qu’ils ne cherchaient pas et qui se terminent parfois fort mal.
La montagne est un tout indissociable. On ne peut séparer artificiellement la « montagne douce » de la montagne austère ou de « l'Alpe homicide ». Il est bien connu que les pentes herbeuses ont fait plus de victimes que les parois rocheuses et que les accidents sont beaucoup plus rares chez fes grimpeurs de haut niveau que parmi les Messieurs - ou les Dames - « qui cueillent les edelweiss » .
Sentiers, balisages et autres artifices ne remplaceront jamais la connaissance de la montagne, l'art de lire les cartes, de se servir d'une boussole et d'un altimètre et même de savoir un peu grimper, avec quelques notions de technique.
Et puis, est-il bien logique de ne décrire, d'une montagne, que l'itinéraire le plus facile? A qui n'est-il pas arrivé de commettre une erreur dans la brume ou la tempête et de s'engager dans une voie qui n'était plus la normale? La description de cette voie ne peut se trouver que dans un guide complet.
Les Instructions Nautiques, ces bréviaires des marins, ne se contentent pas de décrire les lignes de navigation exemptes de récifs. Elles s'attachent au contraire, à signaler tous les points de repères (les « amers »), tous les abris possibles et tous les dangers qui peuvent menacer le navi-
gateur parfois poussé par la tempête dans une zone où il n’aurait pas voulu aller. Les Instructions Nautiques, il est vrai, sont destinées aux capitaines des navires et à leurs adjoints, ou bien aux amateurs avertis. Leur lecture n'en est pas moins utile à tous ceux qui s'intéressent à la navigation.
C'est pourquoi un guide complet de montagne s'adresse aussi à tout le monde. Chacun, en toute liberté, y puisera ce qui l'intéresse et choisira son itinéraire selon ses goûts, le reste constituant une documentation toujours utile, qui peut aussi satisfaire une simple curiosité : n'est-il pas intéressant de savoir que telle ou telle paroi, d'apparence impossible, a été gravie par plusieurs voies ?
Notre souci de renseigner va encore plus loin. Certaines randonnées manquent d'attraits : elles sont décrites cependant, avec leurs caractéristiques négatives, pour éviter des déceptions aux randonneurs. Il en est de même pour les voies d'escalades peu valables ou dangereuses à cause de la mauvaise qualité du rocher, afin de prévenir des grimpeurs qui, si ces voies n'étaient pas mentionnées, pourraient croire vierges des parois ou des arêtes plus ou moins pourries.
Décrire une montagne, c'est la révéler tout entière, sur toutes ses faces et dans tous ses replis. S'il est excellent, et nous approuvons pleinement cette initiative, d'encourager le néophyte à faire connaissance de la montagne sur des chemins faciles à suivre, il n'est pas souhaitable de pousser trop loin cette formule. Si le troisième âge peut, à la rigueur, s’en contenter, la jeunesse et la maturité ont besoin, elles, d'aspirations plus larges et plus exaltantes. Enfermer les jeunes sur des chemins balisés, étiquetés, signalisés, c'est, d'abord, leur ôter la liberté d'initiative ; c’est ensuite risquer de les rendre incapables d'en sortir un jour et de pouvoir profiter de bien d'autres aspects passionnants de la montagne. Savoir sortir des sentiers, c'est voir s'ouvrir toutes grandes les portes de la liberté.
S'en tenir à tout jamais aux chemins battus et aux caravanes moutonnières, c’est risquer le sort des animaux sauvages apprivoisés, qui ne peuvent plus, sans périr, retourner dans la jungle.


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