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Jean M. Ollivier | all galleries >> Forties >> L'escalade dans les années 1940 > A. Charlet au rocher école de Gavarnie
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Juillet 1947 Cl. Altitude

A. Charlet au rocher école de Gavarnie

Pyrénéisme d’aujourd’hui
Evolution ou régression ?

Nous avons connu une époque, pas encore bien lointaine, où la montagne semblait rendre meilleurs ceux qui l'abordaient. On croyait, et certains rêveurs le croient encore, que la contemplation d'un monde grandiose et orné de toutes sortes de merveilles, que la lutte solitaire contre la nature farouche, sans autres témoins que les aigles, les choucas et les compagnons auxquels vous liaient des sentiments fraternels, ne pouvaient qu'élever l'esprit des hommes et les purifier de toutes les tares, de toutes les mesquines rivalités des bas pays. De Russell à Guido Lammer, combien se sont bercés de cette illusion, le premier prêchant qu'au dessus de 2.000 mètres, l'homme ne hissait avec lui que ses meilleures qualités, l'autre professant que l'alpinisme serait une « Fontaine de Jouvence pour des millions d'hommes ». Nous aussi, nous y avons cru, en un temps qui n'est pas vieux, où le seul fait de gravir les cimes par quelque itinéraire que ce fut, suffisait à créer le courant de sympathie.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Une foule s'est ruée sur les montagnes. En est-elle devenue meilleure ? Il est bien à craindre que non. Russell, Guido Rey, Guido Lammer, Jean Arlaud et même nous avons notre part de responsabilité dans cette invasion. Nous la souhaitions : nous espérions agrandir la famille des montagnards ; et puisque celle-ci était sympathique, nous nous imaginions que les nouveaux venus le seraient aussi. Ainsi, pensions-nous, seraient touchés par la grâce de la magicienne ceux qui ne soupçonnaient pas le monde passionnant de la montagne; ainsi, pensions-nous, coulerait la « Fontaine de Jouvence » pour les premiers de ces millions d'hommes auxquels la promettait Guide Lammer. Nous espérions élever cette foule au niveau moral des montagnards des temps héroïques et lui donner, comme le souhaitait Georges Cadier, « une âme de sommets ». En fait, elle a gardé une âme plutôt terre-à-terre ; sa folle vanité s'emploie à raboter les montagnes à son niveau, qui n'est pas loin de zéro et quelquefois au-dessous. Et nous constatons le résultat inverse de celui que nous cherchions : la montagne n'a pas élevé la foule, mais la foule a apporté, dans le monde des montagnards, ses pires défauts, parmi lesquels brillent d'un éclat particulier la mauvaise foi, la basse rivalité, la jalousie et le sot orgueil. Ô ! Prosélytes de la montagne, pour un échec, c'est un échec !
Ici, il nous paraît nécessaire d'ouvrir une parenthèse. Nous accusons en bloc, et ce n'est pas juste. Il est des jeunes — nous en connaissons quelques-uns et souhaitons qu'il y en ait beaucoup — qui ont su s'assimiler le bon esprit traditionnel ou qui, fils de montagnards, ont su le conserver. Ceux-là ne font pas beaucoup de bruit. Ils ne donnent malheureusement pas le ton. Et si, parfois, ils se font entendre, c'est avec discrétion et mesure. Ce n'est pas à eux que nous nous adressons, mais aux « Philistins » qui empoisonnent l'atmosphère des altitudes.
La race des « Philistins » a évolué. Autrefois, on désignait sous ce vocable, d'une part, ceux incapables de rien comprendre à la beauté du Pyrénéisme, d'autre part, les impuissants, inaptes à rien entreprendre de sérieux en montagne. Pendant longtemps, ces deux définitions se sont confondues. Il suffisait aux nouveaux venus, pour n'être plus qualifiés de « philistins », de faire quelques belles courses en haute moyenne, voire basse montagne, de savoir en parler comme il convenait et de montrer, envers les collègues, la correction qui était de mise.
Plus tard, quand les voies normales furent un peu envahies, on crut que l'escalade difficile constituerait un barrage suffisant pour provoquer une sélection morale. Jean Santé nous confia souvent que c'était là son opinion et les faits lui donnèrent raison pendant un certain temps. Ce n'est plus vrai maintenant. La deuxième définition n'a plus d'objet : les « Philistins » font de grandes courses.
Autrefois, ces grandes courses étaie


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