Bienvenue dans la merde
Dans l’avion qui les emmène au Kosovo, ils sont gardés par 10 policiers, 2 pour chacun des membres de la famille, même pour la petite Dashrujé âgée de 3 ans. La, Jusuf et Shpresa se résignent : « on peut pas crier tout le temps » et cherchent à rassurer leurs enfants. La détresse de la famille Raba est trop évidente ; « avec les policiers on a discuté, ils se sont excusés, gentils ils étaient, bien». Ils leur expliquent qu’ils ne font que leur boulot, qu’ils ne comprennent pas l’obstination de Sarko, qu’on peut être flic et avoir une âme, que ça leur crève le cœur... Ils prennent les gosses en photo avec leurs portables, leur laissent visiter la cabine de pilotage. Et quand l’avion atterrit à Pristina, policiers, pilotes et médecin de bord, sont émus aux larmes en les abandonnant sur le tarmac. Ils les embrassent et les encouragent à revenir en France pour une nouvelle demande d’asile.
Plus à l’aise, les policiers kosovars les réceptionnent à l’aéroport. Des retours forcés comme celui de la famille Raba ils en voient 4000 par an. La majorité d’entre eux concernent des Roms albanophones, les retours de Kosovars albanais ayant fuit leur communauté, car plus clairement menacés, sont par contre exceptionnels. On les prévient : « bienvenue dans la merde ». Ils prêchent des convaincus. Un policier leur demande pourquoi ils sont partis, Jusuf et Shpresa ne souhaitent surtout pas attirer l’attention sur eux, alors ils se taisent. Et comme ils n’ont nulle part où aller, ils retournent dans le bourg qu’ils avaient tout fait pour fuir en 2001.