Photo : Les Escurrets vus du Bénou
Page 126 du Carnet III
Mardi 29 Juin 1965
Chantal-Jean
500cc RGST
Je tiens à montrer à Chantal la face Est du Sarrières et la nouvelle
voie qui porte son prénom et qui est en cours d’ouverture.
Montée à Gourette en moto. Nous gagnons assez rapidement le pied de
la face Est, l’admirons et récupérons du matériel perdu lors des
tentatives précédentes. Le Sarrières en profite pour nous envoyer
une volée de cailloux qui passe en sifflent non loin de nous.
Afin d’avoir une meilleure perspective sur la face et la voie
Chantal nous passons rive droite du Valentin grâce à un pont de
neige. C’est sous la menace d’un orage que nous quittons Gourette.
Mercredi 30 Juin 1965 – Col de Marie-Blanque en moto
Chantal-Jean
500cc RGST
Au cours d’une petite balade en moto qui nous mène au Bénou me
vient l’idée d’explorer le chemin forestier qui monte vers l’Ouest.
Il est large mais complètement défoncé. La lourde moto arrive
cependant à se frayer un chemin en sautant d’une ornière boueuse
à une autre, et, ô stupéfaction, nous parvenons ainsi au col de
Marie Blanque !
La piste continue, très pentue, jusqu’à Escot en vallée d’Aspe.
Le temps est malheureusement très couvert et ne met pas le paysage en valeur.
La soirée à El Patio se fait avec Colin, qui se fait attendre,
Brigitte Noyer ( ?), Denise et Roger Mailly etc…
Page 471 du Carnet II
Vendredi 2 Juillet 1965 – Gourette : ouverture de la voie Chantal au Sarrières, face Est.
Hervé-Jean
500cc RGST
Cette fois doit être la bonne pour ouvrir la voie Chantal. En vue
du passage de la fesse lisse j’ai préparé des golots ex-clous et l
es serrures qui vont avec, ainsi que les tamponnoirs. Tout est donc
prêt pour que la face tombe sans coup férir.
Et cette fois pas question d’Hôtel du Berger. Je me lève à 3h30
du matin et nous partons en moto, Hervé et moi, aux environs de 5h.
Sollicitant un peu trop la mécanique la moto coince en montant à Gourette,
mais ça ne nous retarde pas. Le pied de la face Est du Sarrières est
atteinte à 8h (alors que ce fut 10h depuis l’Hôtel du Berger qui devait
nous faire gagner du temps !
A 10h30 nous atteignons la bonne plate-forme sur laquelle nous avons
cassé la croûte la dernière fois. Il fait beau, il fait très chaud et
une pause est la bienvenue, accompagnée d’une petite croûte.
Hervé grimpe ensuite facilement jusqu’à hauteur du toit caractéristique
en forme d’éclair. Je le rejoins et continue au-dessus du toit pour me
placer sous le « crux » de la voie : le bombé lisse de type fesse, dépourvu
de toute prise. Je fais venir Hervé, sors tout le branle-bas et progresse
en artificielle difficile jusqu’au bombé lisse qui barre la progression
jusqu’au sommet. Mes premiers golots de montagne ! Un puis deux puis trois
golots. Fatigant mais exaltant. Ce court passage d’escalade artificielle
intégrale s’ouvre sur une escalade libre de toute beauté sur un magnifique
rocher compact butant sur les forts surplombs sommitaux. On peut les éviter
en virant à droite sur une dalle de toute beauté. Avant d’entreprendre
la traversée je fais venir Hervé en l’exhortant de ne pas perdre, surtout,
les « serrures » spéciales et uniques qui permettent
de mousquetonner les clous-golots.
Après la dalle de la traversée la sortie se fait en léger contre-bas
du sommet, au milieu des fleurs printanières. Nous en ramassons quelques
-unes pour les offrir à nos chéries.
Retour à Gourette, prenons un pot bien gagné, puis à Pau un saut à
l’Eclair annoncer la nouvelle à Colin, puis à El Patio avant d’aller
rue Bayard informer Chantal qui est très heureuse de notre succès.
Colin nous invite chez lui où nous poursuivons la soirée jusqu’à 2h
du matin. What a day !
Je suis revenu deux fois dans cette voie Chantal.
Petit rappel : 2 Juillet 1965 : première ascension avec Hervé
(détails de la voie films 334c et 336c).
8 Octobre 1994, descente en rappel en solo (films 343c et 344c),
29 ans après la première ascension.
27 Mai 1995, répétition de la voie avec Françoise, 30 ans après
la première ascension. (Film 366c). Avec les mêmes “serrures” que lors de la première.
