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Jules Jouy

C'est dans une famille modeste de Bercy que Louis Jules Jouy, dit Jules Jouy, voit le jour le 27 avril 1855. Son père est employé d'octroi, puis marchand d'abats. Malgré une scolarité rudimentaire, Jules Jouy découvre la lecture et les auteurs classiques et gardera toute sa vie une passion dévorante pour l'écriture.
Jules Jouy doit quitter l'école très jeune pour subvenir à ses besoins. Il travaille à son tour dans le milieu de la boucherie et profite de quelques moments de loisir pour écrire ses premiers textes et fréquenter les goguettes de son quartier. Il quitte la boucherie et, après avoir exercé divers petits métiers, entre dans un atelier comme peintre sur porcelaine. En 1876, Le Tintamarre, journal de Léon Bienvenue plus connu sous le nom de “Touchatout”, est le premier journal à publier ses textes et chansons. Malgré une censure sévère, Jouy parvient à traiter de social et de politique. Mais il écrit déjà plusieurs textes sur la guillotine et sur le macabre, thèmes qui caractériseront son œuvre. Il fréquente également La Lice chansonnière, société chantante républicaine, puis organise une goguette qui a pour nom Le Rire gaulois. En septembre 1878, le dessinateur Alfred Le Petit fonde le journal Le Sans-culotte qui combat les antirépublicains et exige l'amnistie des communards. Jouy, sans quitter Le Tintamarre, y rédige des articles. Le Sans-culotte est condamné à de lourdes amendes pour avoir “traité de politique et d'économie sans cautionnement”. Parallèlement à son travail de rédacteur, Jouy écrit des chansons pour le caf'conc'. Paulus, la grande vedette masculine de l'époque, lui “prend” Derrière l'omnibus texte mis en musique par Louis Raynal. C'est un succès inespéré et Jules Jouy se lance dans une production à grande échelle de chansons pour le caf'conc'. Pourtant ses conditions de vie sont précaires : la chanson, même à succès, ne rapporte pas grand chose à un jeune auteur. Ayant abandonné l'atelier pour se consacrer à l'écriture, Jouy dort parfois dans un hangar d'éditeur, voire dans une canalisation. Fin 1878, il fréquente au quartier Latin le Cercle des Hydropathes animé par Émile Goudeau et écrit dans le journal des Hydropathes. Il rédige un règlement interne censé servir de statuts :
« Article premier : L’assemblée des Hydropathes se compose de la sonnette du Président.
Article 2 : La susdite sonnette est chargée de faire observer le présent article. »
Mais ce groupe d'artistes s'éteint en juillet 1880. Jouy est rédacteur de différents journaux tout en continuant à écrire des chansons de caf'conc'. Le pianiste et organiste Maurice Petit fonde en septembre 1881 un nouveau cercle faisant suite aux Hydropathes qui a pour nom Les Hirsutes. Jules Jouy y retrouve une bonne partie des Hydropathes. C'est au quartier Latin que Jouy rencontre “l'illustre Sapeck” chef de file des Fumistes avec qui il fonde un journal en décembre 1881 : L'Anti-concierge, “organe officiel de la défense des locataires”, ne paraît que sept fois. Toujours en décembre 1881, Jouy débute au cabaret du Chat noir que vient d'ouvrir Rodolphe Salis à Montmartre, au numéro 84 du boulevard Rochechouard. En avril 1882, Jouy fonde un “placard” dont il écrit les textes, les illustrations étant assurées par le dessinateur Eschbach. Le titre de cette parution Le Journal des merdeux est judicieux puisque tous les textes et dessins sont consacrés à la merde. Ce “placard” est immédiatement retiré de la vente par ordonnance en raison de son « caractère pornographique ». En 1883, Jouy fait la connaissance d'un certain Aristide Bruant qui se produit sur les scènes de La Scala ou du Concert de l'Époque dans un répertoire qui est bien éloigné de celui qui fera plus tard sa gloire et surtout sa fortune. Ils écrivent ensemble plusieurs chansons à succès et il ne serait pas surprenant d'apprendre que Jouy ait écrit des chansons que seul Bruant a signées. En 1883, Jouy rencontre Jules Vallès au Chat noir. Ce dernier lui propose de publier des textes en fonction de l'actualité dans son journal Le Cri du peuple. Jouy accepte et commence à écrire deux ou trois textes avant de disparaître de ce journal sans donner d'explication. En septembre 1883, Jouy fonde un banquet-goguette ayant pour nom La Soupe et le Bœuf (“si le bouillon des restaurants à prix fixe n'a pas assez d'yeux, en revanche, il a beaucoup de cheveux”) qui se déroule au Cabaret des assassins. Début 1884, on retrouve Jules Jouy au journal La Lanterne des curés. Ce journal est lui aussi condamné pour pornographie. En juin 1885, Jouy suit Salis qui déménage le Chat noir rue de Laval. Bruant reprend les anciens locaux et fonde Le Mirliton. En 1886, Jouy est président d'une goguette intitulée La Goguette moderne et reparaît au journal Le Cri du peuple le 6 décembre 1886. Vallès est mort et c'est Séverine qui a pris le relais. Il publie dans ce journal 256 textes entre décembre 1886 et mars 1888. Jouy s'en donne à cœur joie, il tape sur tout ce qui lui déplaît, la police, les propriétaires, les bourgeois, le général Boulanger et défend ce qu'il aime, la Commune, les ouvriers, les mineurs, les malheureux… Il est également remarqué, cette année-là, dans un groupement considéré comme anarchiste par la préfecture : La Ligue des anti-propriétaires. Le but de cette association est d'aider les locataires à déménager “à la cloche de bois” les jours de paiement des loyers. Le début de l'année 1888 est marqué par la sortie du premier recueil de Jules Jouy intitulé Chansons de l'année, regroupant un choix de 200 textes parus dans Le Cri du peuple. Sa renommée de révolutionnaire est accentuée par la parution de cet ouvrage et par la publicité du scandale qui en émane. Fin mars 1888, il quitte Le Cri du peuple, qui a viré boulangiste, et se voit invité au journal Le Parti ouvrier.

Du mois d'avril 1888 au mois de juin 1889, il y publie 200 textes dont les trois-quarts sont consacrés au boulangisme. Le général Boulanger, “l'infâme à barbe” comme il l'appelle, est une réelle menace pour la démocratie. Jouy mène une campagne anti-boulangiste d'une violence hors du commun, allant jusqu'à des appels au meurtre. “Le Poète chourineur” - ainsi le surnomment les boulangistes - doit faire face à une campagne de presse digne de l'Inquisition. En 1889 est publié son second recueil intitulé Chansons de bataille. Fin juin 1889, il s'en va du Parti ouvrier et rejoint l'équipe du journal Le Paris où il poursuit son combat sans merci jusqu'à fin 1891. 220 textes y sont publiés, ce qui porte à 700 le nombre de textes publiés dans la presse en 5 ans, auxquels il faut ajouter les nombreuses chansons de caf'conc' qu'il écrit notamment pour sa compagne Marguerite Dufay, mais aussi pour Yvette Guilbert, Thérésa, Anna Judic, Fragson, Polin, Paulus, Sulbac, Coquelin Cadet, Félix Galipaux, Mévisto aîné, et une centaine d'autres vedettes. Il écrit également des chansons qu'il interprète au Chat noir, des articles de presse, des revues. Jouy en 20 années de production a écrit plus de 3000 textes. La rapidité avec laquelle Jouy écrit frise le phénomène. Ce n'est pas pour rien que ses confrères de la Butte Montmartre le surnomment “la chanson faite homme”. Mais que l'on ne s'y trompe pas, Jouy n'est pas uniquement un spécialiste de la chanson politique, c'est un auteur complet qui sait aborder la chanson par tous ses côtés y compris les moins prisés des auteurs traditionnels, tel le macabre, genre qu'il affectionne et dans lequel il excelle. En 1890 paraît son troisième volume intitulé La Chanson des joujoux constitué de 20 poèmes pour enfants mis en musique. Mais les années de privation, l’abus d'absinthe, la vie de bohème et peut-être d'autres raisons mal connues commencent à affecter son équilibre mental. La parution en 1891 de son quatrième recueil La Muse à bébé en est la preuve. Faussement destiné aux enfants, ce livre est une suite de 18 textes sordides, macabres, sans aucune distance et d'un cynisme absolu. Par ailleurs, Jules Jouy sombre dans l'antisémitisme le plus violent et publie dans le torchon de Drumont La Libre parole. Il quitte cependant rapidement cette “feuille de chou” et continue sa carrière de chansonnier montmartrois et d'auteur à succès. En 1894, Jouy reprend la direction artistique du Café des incohérents, rebaptisé Café des décadents, mais ce cabaret est fermé peu après par la préfecture. Jouy publie des textes dans le nouvel hebdomadaire Le Rire. À la suite d'une brouille avec Rodolphe Salis et d'un procès retentissant et désormais célèbre, Jouy fonde, avec l'aide de certains anciens camarades du Chat noir, le cabaret du Chien noir. Le choix de ce nom n'est pas fait pour calmer la rancune de Salis. Malheureusement, la santé mentale de Jules Jouy ne cesse de se dégrader. Il se croit persécuté et continuellement suivi. De plus, il est atteint de folie des grandeurs et de troubles de la personnalité. Il se prend même pour Alphonse Allais (sans doute l’auteur qu’il admire le plus). Il devient par la suite dangereux pour son entourage et ses amis se voient contraints de le faire interner dans une clinique psychiatrique de la rue Picpus à Paris, au mois de mai 1895. Le 7 mai 1896, au Théâtre de La Gaîté, une grande matinée est organisée afin de récolter des fonds pour tenter de le soigner. Malheureusement, le mal est trop profond et Jules Jouy meurt le 17 mars 1897 à l'âge de 42 ans. Il est enterré le 20 mars 1897, au cimetière du Père Lachaise dans la 53è division. C’est pendant son enterrement, suivi par tous les chansonniers montmartrois, qu’on apprend la mort de Rodolphe Salis décédé dans la nuit à son château de Naintré.


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