photo sharing and upload picture albums photo forums search pictures popular photos photography help login
léo | all galleries >> Galleries >> LES AVENTURES DE TOM POWER > Expédition au centre de l'Australie
previous | next
14-JUN-2008

Expédition au centre de l'Australie

ULURU la roche sacré du peuple aborigène.
Il y a quelques année j'ai accompagné des géologues
à ce site sacré, je leur laisse raconter notre belle aventure.
Tom Power

Nous sommes à quelques centaines de kilomètres à l'Ouest de la ville d'Alice Springs, au centre de l'Australie et au coeur de ses vastes étendues désertiques. C'est là que se dresse l'un des monolithes les plus célèbres au monde et dont l'image est si souvent utilisée pour illustrer l'Australie. Nommé Ayers Rock par les colons européens, c'est désormais sous son appellation aborigène que l'on fait de plus en plus souvent référence à Uluru. Initialement classé sur la liste du Patrimoine Mondial en 1987 sous le nom de Parc National de Uluru, le site fut renommé et reclassé en 1994 en tant que Parc National de Uluru - Kata Tjuta. Ce site inclut le Mont Olga ("The Olgas" en anglais, Kata Tjuta en aborigène), situé à quelques dizaines de kilomètres de Uluru. Au-delà des curiosités géologiques que présentent ces lieux, c'est en particulier pour la forte teneur culturelle liée aux croyances traditionnelles et à l'histoire d'une des plus anciennes sociétés humaines au monde que l'Unesco a classé ce site.



Les centaines de touristes qui se retrouvent ici chaque jour viennent la plupart du temps soit par avion (à Alice Springs ou bien pour les plus pressés directement jusqu'à l'aéroport proche de Yulara, station touristique à proximité de Uluru), ou encore en empruntant la route qui traverse l'Australie dans sa hauteur, joignant Darwin au Nord et Adélaïde au Sud. Pour notre part nous avons choisi de partir de Perth (Sud-Ouest du pays) pour rejoindre le Parc National puis Alice Springs. Cela représente environ 2000 km de trajet dont un peu plus de 1000 km de piste sableuse à travers l'une des régions les plus isolées de l'Australie, le Grand Désert Victoria. Les difficultés liées au ravitaillement et surtout la nécessité d'obtenir des permis particuliers pour traverser de nombreux territoires aborigènes nous aura finalement décidé à rejoindre un tour d'une petite semaine organisé par une agence de Perth : nous partons dans un 4x4 de la taille d'un minibus initialement destiné à l'armée, avec six autres passagers (dont deux géologues, dont les connaissances nous seront précieuses) et un conducteur-guide.



Ce dernier, Tom Power n'a pas le profil habituel des guides de tours organisés. La rudesse de l'environnement requiert une personnalité et des compétences solides. Tom a plus d'une corde à son arc. Il a notamment de très bonnes relations avec certaines communautés aborigènes (n'étant absolument pas de sang aborigène lui-même) qui vivent dans le désert Victoria. En plus de les connaître et de les respecter, il leur apporte une aide dont ils lui sont reconnaissants : il lui arrive de dépanner ceux qui tombent en panne sur la route (de ce que nous avons pu constater, la plupart de leur véhicules sont souvent à l'état d'épaves, tantôt roulantes ou sinon abandonnées voire brûlées au bord de la route), il leur apportent des journaux,... Ces relations privilégiées qu'il a créées lui permettent de bénéficier (et nous avec lui) de faveurs qui vont au-delà des simples permis de traverser les territoires aborigènes. Il a pu par exemple nous emmener sur un site sacré où la tribu locale pratiquait il y a encore peu des cérémonies telles que la circoncision de leurs enfants.



C'est ainsi sous les conseils et les enseignements de Tom que nous découvrons ce désert, ses richesses, ses beautés et ses dangers. Nous dormons à la belle étoile dans des "swags" (le swag est une sorte de sac de couchage rectangulaire en toile épaisse, incluant un petit matelas et un rabat au niveau de la tête, dans lequel on se glisse avec un sac de couchage classique) et profitons des paysages à perte de vue le jour et du ciel inondé d'étoiles la nuit. Aucune des innombrables espèces d'araignées ou de serpents venimeux ne seront heureusement venus déranger notre sommeil, en revanche les hurlements des dingos (chiens sauvages) nous rappellent que nous dormons tout de même à la merci d'une vie sauvage discrète mais bien présente. Nous avons fait par ailleurs la rencontre chanceuse d'un "thorny devil" ("diable épineux" en français ?...), sorte de petit lézard d'une quinzaine de cm de long, au corps hérissé d'épines et à la démarche saccadée.



Après deux crevaisons dans la même journée (!), nous rejoignons la route bitumée après trois jours dans le sable rouge pour entrer dans le Parc National dont nous commençons la visite par le site de Kata Tjuta. Celui-ci, qui présente 36 dômes rocheux (dont le plus haut s'étend à 550 mètres au-dessus de la plaine) et s'étend sur 3500 hectares, n'est accessible aux touristes que sur une petite portion, le reste comprenant des sites sacrés que les aborigènes souhaitent garder à l'abri des visiteurs. Nous effectuons ainsi une marche dans la gorge Walpa, passage entre deux de ces énormes blocs, avant de reprendre la route vers Uluru et de pouvoir contempler les étonnants changements de couleur du fameux monolithe lors le coucher de soleil. Le lendemain, après un réveil à 5 heures nous observons de la même façon le lever de soleil sur le rocher, avant de consacrer la journée à la découverte de ses environs et du centre culturel et touristique, bien renseigné. Kata Tjuta et Uluru sont constitués principalement de grès (sandstone en anglais) ; leur émergence à la surface du sol fut la conséquence de plissements de terrain il y a 70 millions d'années. En fait, Uluru (haut de 340m) n'est que l'extrémité d'une immense couche souterraine qui fut plissée et ainsi "poussée" vers la surface puis érodée au cours du temps. Kata Tjuta est également l'un des "plis" de cette couche ayant surgit à l'air libre à la suite de mouvements souterrains.



Le Parc National de Uluru - Kata Tjuta est un ensemble de lieux hautement sacrés pour les aborigènes locaux, le peuple "Anangu". Ces formations rocheuses et les terres qui les entourent sont au coeur d'un réseau de pistes ancestrales tracées au cours du "Tjukurpa". Ce dernier est une philosophie complexe et extrêmement riche qui décrit la création du Monde et de l'Homme et règle tous les aspects de la vie. Il pourrait se traduire par "Temps de la Loi ou Epoque Héroïque" ; à cette époque mythique des héros parcouraient les terres (d'où les pistes sacrées) en donnant forme au paysage et régissaient leurs vies selon les règles et les enseignements ancestraux. Ce lieu contient de ce fait une quantité d'expressions artistiques (peintures,...) et religieuses, certaines pouvant être observées autour de Uluru. En 1973, il fut décidé que les sites sacrés de Uluru soient protégés et que des rangers Anangu soient formés. Toutefois ce n'est que plusieurs années plus tard que les aborigènes ont pu participer à la gestion du parc : le 26 octobre 1985, le titre de propriété a été donné au Land Trust Aborigène de Uluru - Kata Tjuta en échange d'une location de 99 ans au Directeur des Parc Nationaux et de la Vie Sauvage afin que ce dernier puisse gérer le parc comme tout autre parc national. En 1986 un Conseil de Gestion du parc fut créé, composé en majorité d'Anangu. Cette administration conjointe des aborigènes Anangu et du gouvernement a permis de conserver et protéger la culture locale tout en la présentant aux visiteurs. "Nganana malikitja tjutaku mukuringanyi nganampa ngura nintiringkunytjaku munu Anangu kulintjaku". "Nous souhaitons que tous les visiteurs apprennent au sujet de notre lieu et nous écoutent, nous Anangu".



Il reste toutefois certains points délicats à gérer : l'un des plus évidents concerne le fait de grimper Uluru. En effet, il existe sur le monolithe un passage qui mène au sommet et relativement peu difficile car présentant une chaîne à laquelle les marcheurs peuvent se tenir pour s'aider à monter. Cette montée n'en reste pas moins dangereuse, d'une part à cause de la fatigue qu'elle peut représenter pour une personne à la condition physique limitée (la montée est interdite si la température dépasse 36°C) et d'autre part bien sûr par le risque de glissade ou d'imprudence. Près de 20 personnes y ont laissé leur vie pendant ces dix dernières années. Les aborigènes demandent à tout visiteur de ne pas grimper Uluru : non seulement la mort de ceux qui chutent les attristent mais de plus le fait de monter sur le monolithe est totalement en désaccord avec ce qu'il représente pour eux. Rappelons que nous sommes chez eux ; serions-nous heureux de voir des touristes grimper le toit de nos habitations ou encore de nos églises ?... La montée est toutefois autorisée, et bien que de nombreux panneaux rappellent le désir des aborigènes, il reste encore de nombreux visiteurs qui ne semblent pas venir ici pour s'intéresser à leur culture et encore moins pour la respecter, mais qui ne veulent que monter, monter, monter... Geoff refuse de nous "interdire" de monter et nous répète que la décision n'appartient qu'à nous ; toutefois il ne peut cacher le dépit qu'il éprouve lorsqu'il fait allusion à ceux qui grimpent le rocher... Il nous dit "qu'il a grimpé Ayers Rock, mais jamais Uluru" ; autrement dit, il est monté sur Ayers Rock étant enfant, avant que les aborigènes ne demandent explicitement de ne pas grimper Uluru, ce qu'il n'a jamais fait depuis lors.



Nous effectuons pendant deux heures une marche autour de Uluru, qui nous permet de découvrir d'une part les particularités géologiques du monolithe ainsi que certains sites sacrés. Les deux géologues qui effectuent ce parcours avec nous permettent de découvrir une quantité de choses intéressantes ; par exemple nous apprenons que les traînées noires le long du rocher sont des traces de manganèse extrait du rocher par l'écoulement de l'eau de pluie. La plupart des sites sacrés sont interdits à la photographie, même si évidemment personne n'est là pour surveiller. Reconnaissons que nous avons un peu de mal à comprendre ce type de demande ; il ne s'agit absolument pas d'un problème de dégradation causée par un flash de peintures par exemple (ces sites sont des rochers, des grottes,...) ; nous suivons toutefois ces exigences, sans bien les comprendre toutefois...



Pendant notre traversée du désert Victoria, nous étions témoins du même type d'interdiction, concernant cette fois la prise de photos des aborigènes. Nous pouvons saisir et respecter le souhait de ces gens de ne pas vouloir être photographiés pour des raisons religieuses liées à leurs croyances ; mais alors comment expliquer le fait que ces mêmes aborigènes soient d'accord pour être photographiés moyennant une dizaine de dollars... ? (ce que nous n'avons pas fait, donc pas de photos d'aborigènes). De façon générale nous ne savons que penser de la condition aborigène en Australie. Ce peuple, profondément meurtri par l'invasion des colons européens, présente à nos yeux un certain nombre d'interrogations et de contradictions. Certains semblent à la fois à l'écart de la société comme de leur propre peuple, sombrant malheureusement parfois à l'alcoolisme et succombant même visiblement à la mendicité voire à la délinquance. Sans atteindre ces extrêmes, Geoff nous explique que la culture aborigène n'est pas toujours compatible au système "occidental" de la société australienne. Par exemple, les aborigènes considèrent qu'au sein de leur propre peuple ou tribu, il n'existe pas de possession individuelle, tout appartient à tout le monde. De ce fait, il devient particulièrement difficile voire impossible pour un aborigène de tenir un commerce : il ne pourrait "vendre" à un membre de sa tribu, uniquement donner. C'est ainsi que tous les commerces, y compris ceux "perdus" au coeur du désert en plein territoire aborigène, sont tenus par des "blancs". Il en va d'ailleurs de même pour les boutiques de souvenirs de Yulara, à côté de Uluru.



L'"imbrication" de deux peuples aux cultures et croyances tellement éloignées, tels que les aborigènes et les australiens descendants des colons européens, semble bien délicate. A nos yeux les aborigènes qui nous paraissent heureux sont soit ceux qui ont pris le parti de vivre totalement à l'écart des "blancs", soit ceux qui ont réussi à conjuguer avec succès une vie au sein de la société australienne tout en restant attaché à leur propre culture et lié à leur peuple. Détail amusant, Tom nous apprend qu'il connaît bien Capes, l'aborigène que nous avions rencontré à Shark Bay (cf. notre précédent article), qui illustre très bien cet exemple d'harmonie exemplaire des deux cultures puisqu'il vit au coeur de la société (il est même joueur de rugby de haut niveau dans une bonne équipe de l'Ouest australien) tout en continuant à dispenser son savoir à ceux qui veulent l'écouter et à rester proche de son peuple et de sa culture. Cela fait maintenant plusieurs semaines que nous parcourons l'immensité de ce pays-continent en découvrant les multi-facettes à la fois géographiques et culturelles d'une Australie tantôt tropicale, océanique, urbaine ou désertique. A travers la découverte des sites du patrimoine mondial nous approchons à chaque fois quelques unes des centaines de tribus aborigènes qui vivent dans ce pays, à chaque fois nous quittons les lieux en ayant énormément appris et découvert mais toujours avec de nombreuses interrogations qui ne trouvent pas de réponses. Les aspects sociaux et culturels de l'Australie sont complexes, et le parc de Uluru - Kata Tjuta, outre ses caractéristiques géologiques et historiques, en est certainement une parfaite illustration de par sa gestion, son administration et sa valeur inestimable aux yeux des aborigènes comme de l'Australie toute entière.

Nikon D300
1/100s f/5.0 at 35.0mm iso200 hide exif
Full EXIF Info
Date/Time14-Jun-2008 08:31:51
MakeNikon
ModelNIKON D300
Flash UsedNo
Focal Length35 mm
Exposure Time1/100 sec
Aperturef/5
ISO Equivalent200
Exposure Bias0.67
White Balance
Metering Modematrix (5)
JPEG Quality
Exposure Programprogram (2)
Focus Distance

other sizes: small medium large original auto
share
Manon 30-Jul-2009 19:53
merci pour ce partage et témoignage..

merci pour ces belles images, nous apprenons par ces images et ce texte qu'il y a hélas bien des différences entre les gens...en espérant qu'ils puissent etre heureux malgré tout!
S.J 06-Jul-2009 05:38
Merci pour ce beau partage de vos connaissances de ce pays et de l esprit qui anime le peuple d origine. Ma fille Sara y est allée voici 3 ans pendant une période de 1 mois et elle nous as dit qu on se croirait dans une autre planète tellement tout est différent de nous ici. Elle a super aimé ce pays .... et les hommes parait-il selon sa vision, sont assez machos... enfin ... dans le bon sens.... sans offenses pour tous les monsieurs qui liront ce message. Les images sont lunaires...
Pauline Pommet 04-Jul-2009 12:35
Merci de nous faire partager cette belle expérience. Votre texte est merveilleux à lire et renseigne les gens sur cette partie du monde. Je suis allée quelques fois en Australie et j'espère que lors de mon prochain voyage, je pourrai faire le "Out Back" car il y a de très belles excursions qui sont offertes.

Pauline P.
Mélodie Lespérance 30-Jun-2009 15:01
Merci, c'est réellement intéressant d'en apprendre sur ce peuple haut en couleur et en croyance. Mon petit frère est en australie, je vais lui parler de Uluru. =)
Juana 30-Jun-2009 08:02
La nature est belle, nous avons la preuve avec de tel images
Merci pour le partage.
Juana
nicole 29-Jun-2009 19:28
c'est très beau amis.... merci
Type your message and click Add Comment
It is best to login or register first but you may post as a guest.
Enter an optional name and contact email address. Name
Name Email
help private comment