.

LUCY et RICHARD, les heureux propriétaires de "CANICHER" m'ont une fois encore offert la possibilité de faire quelques milles sur leur bateau. Un joli cadeau. A chaque fois je suis impressionné par la démarche de ceux qui pensent leur bateau , c'est encore le cas. Qu'importe le bateau, l'important est de rêver. Du GUEPARD à CANICHER ( j'aimerai bien avoir un GUEPARD !).

La première réflexion : "pourquoi un bateau à moteur ?". Un grand thème ! Il y a trois raisons pour lesquelles on fait du bateau. On est tombé dedans, le hasard d'un ponton, des lectures ou tout simplement parce que c'est le dernier élément manquant à la panoplie des "produits" nécessaires à sa nouvelle classe sociale (Galloway n'est pas une marque de bateau et German Frer n'est pas un golfeur !). Pendant longtemps, en Bretagne, il était très mal vu de se "mouvoir" sur un bateau autrement qu'à voile (j'ai vu un jour me faire traiter de tous les noms d'oiseau par une personne naviguant sur un 8 JI alors que nous étions sur un trimaran, (un magnique plan de Dick Newick [ http://www.wingo.com/newick/ ]). Le moteur n'est pas une tare, mais il est vrai que certains abîment un peu le paysage et l'esprit, tout est fonction de celui qui tient la barre, est-ce qu'il est encore au volant de sa grosse berline, de son 4X4 ou tout simplement sur l'eau. Tout cela pour dire que RICHARD et LUCY sont des Anglais totalement "genuine", habitants de l'île de VICTOR (les travailleurs de la mer), plusieurs générations de marins, de la voile autour du monde, NICHOLSON et la Mer de Chine, les Caraïbes, la Manche et tant d'autres, sans oublier le club roi, le RYS qui ose accepter les bateaux à moteur, dont CANICHER ! Ils sont donc passés au moteur . . . sans se poser la question de savoir s'ils blasphémaient. L'important est d'être sur l'eau, comme la fleur de lotus !

L'achat d'un Grand Bank 42 d'occasion. Juste pour voir. Deux ans de navigation au départ de Hong Kong. Evaluer les qualités, les défauts et dessiner dans la tête celui qui sera le sien, le leur. Un maître mot, concept et un second, ergonomie. De pleins cahiers de brouillon, des dessins, des nuits à penser, des échanges, des conseils et un jour il va falloir prendre une décision, faire un bilan définitif, s'engager. Des tonnes de détails, au début tout s'embrouille et petit à petit tout se range, tout se clarifie, tout se comptabilise.

L'architecte et le chantier. Cette fois se sera le chantier ALTENA :
( http://www.altena-yachting.nl/v3/index.php )
il y en a bien d'autres, mais le choix est difficile car sans retour. Les Hollandais sont maîtres dans cette discipline, mais ne pas oublier le chantier META pour la coque et RAMEAU à Etel pour l'intérieur, un coup de fil à Michel JOUBERT pour le plan, et vos idées à bien mettre en place, et bien sûr, votre budget). META, RAMEAU et JOUBERT, un très joli trio, un excellent bleu, blanc et rouge. Comme disaient Joubert et Nivelt, l'art de faire des "BATEAUX de VOYAGE", ce qui ne les a pas empêché de faire de magnifiques bateaux de régate, le grand éclectisme de ce "bureau".

Revenons à CANICHER. On part sur une base SNSM, un peu de BOURBON, ou de certaines vedettes de pilote de port et on décide "sa manière de naviguer" et de vivre. Toujours sous influence de la MANCHE, avec ses courants, ses tempêtes et ses froidures, mais également ses beautés et sa "rugueur" (rugosité) qui fait réclamer tant de rigueur.

Et là nous retrouvons ce bateau de 16 mètres, de 48 tonnes en charge, fait pour les mers les plus difficiles. Ce qui marque pour le non averti que je suis :

La "salle des machines", une pièce d'anthologie. Un seul moteur en situation normale. Un Caterpillar 6 cylindres de 10 litres de cylindrée, 235 HP. Turbocompressé (turbo rarement utilisé), au-dessus de 1700 RPM. En secours (avec son arbre), un Peugeot marinisé par Vetus. L'allure normale du bateau est de 8 Kts pour une consommation de 2L/Nm. Pour le reste, je vous laisse vous reporter aux photos.

La stabilisation par système à référence gyroscopique, le logiciel a été changé et est nettement plus performant.

Le côté bateau de sauvetage, un niveau de sécurité hors du commun. Il devrait admettre le "culbuto".

Les détails dans la finition, RICHARD était présent au chantier toutes les semaines. Une recherche approfondie dans l'ergonomie, celle de tous les jours ou en cas de "distribil".

La manière de naviguer, très pro, très rigoureuse, donc très détendue ! La participation de chacun et les charges respectives. Les check-lists et la manière de les traiter. Une espèce d'école de la mer.

Et encore plein de choses . . .

Et bien sûr la gentillesse de LUCY et RICHARD.

Ce n'était qu'un voyage dans l'impossible et surtout continuons à rêver du GUEPARD tant espéré ou de la barque qui vous permettra d'aller, aux heures où tout le monde dort encore, relever le casier encore vide, rien de grave, juste pour goûter à la brume du matin . . . il n'y a pas encore de bateau de RIGUIDEL au RYS ( http://www.rys.org.uk/da/11572 ), il faudra attendre, mais les Français ont su cette année (2006) terminer 1 et 3 à la Rolex Commodore's Cup organisée par le RYS dans ce Solent mythique (j'avais fait de "belles" photos d'une Rolex à San Francisco, je les ai perdues !).

C'est l'esprit de CANICHER qui m'a plu. Le petit a 8 ans et ne fait pas son age . . .

CANICHER signifie CORNOUAILLE.

En images nous ferons 2 petites étapes : VANNES-LE CROUESTY suivie de LE CROUESTY-PIRIAC.
Ensuite ce sera PIRIAC, BENODET, MORLAIX et JERSEY. CANICHER est basé à GUERNSEY (EGJB).

PS : PIRIAC, un petit port très sympathique avec un excellent restaurant . . . une entrée avec une marche.
.