Avant de refermer cette galerie, je souhaiterai adresser une pensée aux 715 victimes de la mine dans le bassin potassique entre 1908 et 2000.
Pour finir, quelques mots du mineur Henri Tschirhart que je me permets de reprendre ici :
« Oui après le pont de la Thur, le mineur arrive à Marie-Louise. Il s’engouffre dans le vestiaire, la “salle des pendus”, là dans cet endroit surchauffé, imprégné d’odeurs de sueurs mélangées à l’odeur de sel, il va troquer son identité d’homme contre une identité numérotée, un bleu de travail sale, un casque qui serre sa tête pour mieux l’isoler, un jeton, un matricule et le voilà devenu un numéro qui va automatiser tous ses gestes, prendre sa lampe numérotée et monter vers le puits qui quelques instants plus tard va l’engloutir comme dans ses rêves d’enfants lorsqu’il tombait dans un gouffre sans fin.
En marchant vers le puits Marie, le mineur sent déjà l’odeur du sel qui remonte des entrailles de la terre, mais cela ne l’arrête pas, car il en a l’habitude. Et puis, il sait le mineur, qu’il n’est pas au bout de ses peines, l’ouvrage l’attend, la terre avec ses pièges, le terrain incertain qui va s’efforcer de contrer le mineur. Ça sera la lutte de l’homme, l’homme contre la nature qu’il va falloir vaincre pour gagner, pour extraire le minerai, pour gagner sa vie aussi.
À Marie-Louise la cage l’attend, ils seront 28 hommes qui en 2 minutes 30 secondes seront emmenés à 750 m sous terre et ce voyage rapide se terminera par un départ vers l’inconnu. Ici plus de soleil, plus de fenêtres, la lumière artificielle seule éclaire ces hommes qui vont enrichir les MDPA et la France par leur labeur.
Au fond du puits seulement, l’aventure commence, déjà c’est la nuit, c’est la chaleur, c’est la poussière. Ceux qui n’ont jamais vu la mine ne peuvent pas comprendre. Être mineur c’est extraordinaire, c’est une aventure. Le mineur aime la mine comme une maîtresse exigeante, mais dont il ne peut se passer.
Oui en même temps qu’il la craint, il l’aime et ne peut s’en passer, il la domine, mais parfois elle se venge et c’est l’accident.».