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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> Septembre 1960 à l'Ossau > Jean-Pierre sur la Pointe d'Espagne au terme de l'escalade de la face SE
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28 septembre 1960 JMO

Jean-Pierre sur la Pointe d'Espagne au terme de l'escalade de la face SE

La face Sud-Est proprement dite (nous y sommes enfin !) semble rébarbative depuis le col du Piton. JP souhaiterait aller plutôt à droite, par des rochers qui ont l'air plus faciles d'accès. Le brouillard est trompeur, car au-dessus il y a un bec ! Je préfère suivre les indications du guide dont nous respectons approximativement les indications. Le rocher devient très glissant et nous sommes confrontés à quelques passages difficiles qui ne figurent pas dans le topo. Un relais sur piton est nécessaire, au-dessus d'un vide inquiétant en partie caché par la brume, au milieu des tourbillons de neige, neige qui commence à s'accrocher partout. Sûr, il ne doit pas y avoir grand monde sur l'Ossau à l'heure actuelle !
"Un dernier surplomb assez difficile" selon le guide, nous amène sur l'arête sommitale, balayée par un vent froid, chargé de neige. Au sommet nous nous installons le plus confortablement possible à l'abri du cairn de façon à bouquiner tranquillement le livre de bord (qui existait à l'époque sur la plupart des grands sommets), à déguster une crème Mont Blanc, grignoter quelques pâtes de fruits, et nous prendre en photo en brandissant l'espèce de lance qui sert de paratonnerre.
Nous entamons la descente avec sérénité, malgré le brouillard qui nous fait hésiter en plusieurs endroits. Le plus difficile est de trouver l'amorce du sentier de la caillasse au pied du col de Suzon, que l'on attrape de justesse dans l'obscurité grandissante. Le refuge est regagné à la nuit tombante. Tant mieux car nous n'avions pas de lampes.
Fiers de notre "exploit" nous ouvrons la porte de l'abri par un tonitruant "What a day !".
Naïfs que nous étions ! Nous croyions avoir fait quelque chose d'extraordinaire, un truc affreux (avec la neige qui tombait, vous pensez !). Pour fêter ça nous renouvelons la bombance d'hier soir et nous écroulons d'un sommeil long, lourd et réparateur. Ah ! qu'il fait bon dormir après une journée pareille ! Qu'il fait bon oublier tous les mauvais moments, les incertitudes sur la voie à suivre, les surplombs glissants et mal assurés, le risque de bivouac à cause de la nuit qui tombe, les onglées douloureuses,…

(Suite à la prochaine image)


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