photo sharing and upload picture albums photo forums search pictures popular photos photography help login
Jean M. Ollivier | all galleries >> Scraps et souvenirs >> Secret pin's >> Dans le secret des Ollivier >> Compilé des meilleurs écrits et récits >> Les escalades arudyennes > 1964 Marie s'extrait avec courage de la vire vertigineuse du Bloc Coincé
previous | next
Avril 1964 jmo

1964 Marie s'extrait avec courage de la vire vertigineuse du Bloc Coincé

D132

En panne avec Mahaut et Marie à la gare en 1961

Photo : Marie aux prises avec le pas délicat de sortie de la vire,
avec la hauteur d'un clocher d'église sous les fesses.
La foi en la corde qui sécurise le passage vacille quelque
peu en ces moments-là.

Vendredi 22 Décembre 1961
Hervé, Jean
Véhicule : Moto Mahaut
Jeudi soir bonne nouvelle à la Fac ; les cours cessent ce jour même au lieu de demain. Vite, voir Herr Wick. On se taille demain ! Il est très réticent mais finit par accepter. Mais auparavant il a un travail à terminer : il doit vernir un parquet. Le soir même il le lave et le lendemain à la première heure je viens l’aider à le vernir. A 9h30 nous pouvons partir.
Au lieu de rejoindre les rochers d’Arudy nous décidons de nous rapprocher de l’Ossau en montant à Aneu grâce à Maw Maw. Miam !!! La route est froide et nos nombreuses couches protectrices ne sont pas de trop.
Nous déposons le matériel trop lours à Arudy, derrière des cailloux. Ils sont recouverts d’un givre remarquable. Ce dernier ne va d’ailleurs pas tarder à disparaître, le vent du Sud ayant fait son apparition, traînant derrière lui toute une horde de nuages semant pluie, vent et neige partout après son passage.
Cela ne nous empêche pas d’aller de l’avant. Maw Maw ne tire pas de façon extraordinaire, mais ça va bien quand même. Mais voilà.
Nous « fonçons » comme des dards en 4ème , en descente naturellement, lorsque le moteur émet un drôle de bruit, un long sifflement, et refuse obstinément d’aller plus avant … ??…. !!… Le malheur est vite découvert : le carburateur est cassé. Horreur. Un gars en vélomoteur s’arrête et propose d’alerter le garagiste le plus proche. En attendant l’hypothétique secours nous gagnons Bielle à pied en poussant MM. Pas de carburateur à Bielle. Il faut rebrousser chemin jusqu’à Arudy. Bon. Nous nous postons au bord de la route pour faire signe aux voitures. En même temps nous commençons de déjeuner, ayant sorti moult victuailles des sacs. Nous sommes autour de midi Il a fallu qu’une splendide DS s’arrête au moment où je venais d’ouvrir une traditionnelle boîte de Criquas (sardines à l’huile et à la tomate espagnoles – excellentes). A bord de la voiture un jeune couple très chic et distingué avec un marmot d’un an1/2 à deux ans. Ils parlent anglais de temps en temps. OK. Tandis que ma boîte de Criquas se répand insidieusement dans ma poche et qu’Hervé ricane. Disons pour la petite histoire que les coussins de la belle voiture ont été épargnés. Ouf !
A Arudy nous avons la chance insensée de trouver un carburateur auprès d’un réparateur très sympa, du genre de ceux qui collectionnent les pin-up et qui en tapissent les murs de son atelier. Un joyeux drille.
Il faut ensuite ramener la « bête » à Arudy. Il est 13h30 et la route est calme. Enfin un paysan en tracteur nous dépanne. Le carburateur est replacé sans trop de mal par le réparateur, un gars de l’Est apparemment (Mr. Levebure) toujours aussi sympa.
La journée est maintenant avancée mais nous reprenons néanmoins la route. Nous dépassons Laruns et nous engageons dans les gorges froides du Hourat en direction des Eaux-Chaudes. Les parois des gorges sont couvertes de rideaux de glace assez remarquables et qui commencent à tomber sous l’effet du vent du Sud chaud. Eaux-Chaudes puis Fabrèges et son lac. Une immense plaque de verglas peu visible nous prit traîtreusement à pleine vitesse car c’est plat, Pas un geste, pas un a-coup, laisser filer, les fesses serrées. Ouf ! Il s’en est fallu de peu. Pour le moment la moto grimpe bien avec son nouveau carburateur et nous atteignons Gabas. Au-dessus de Gabas les plaques de glace se multiplient. Et après un vol sans gravité les plaques suivantes furent franchies avec beaucoup plus de circonspection. A 16h nous parvenons enfin à Aneu.
Aneu est peu enneigé, ruisseaux et torrents sont figés par la glace. Je propose de rejoindre les crêtes de Pombie pour voir l’Ossau de près. Hervé ne peut suivre car il a mal aux pieds et m’abandonne. Je poursuis en courant et arrive en 25 minutes aux crêtes (j’en mettrai 7 à la descente). Les conditions pour prendre une photo ne sont pas bonnes, j’ose même écrire « pas tellement excellentes » ! Des traces fraîches se dirigent vers le refuge de Pombie.
La moto est rejointe au crépuscule, qui survient tôt en cette période. Dès les premiers mètres elle a un comportement bizarre, elle chasse curieusement. Ca sent le pneu crevé. Et en effet le pneu avant est crevé et rien pour réparer ! On décide qu’Hervé parte seul et que je me débrouillerai. Mais que l’on soit seul ou deux sur cet engin diabolique ne change rien. Nous partons donc ensemble sur la moto. Engin chassant, ruant, zigzagant dans tous les sens avec fureur. C’est fatigant, devant comme derrière. Nous nous relayons à la conduite et la technique finit par rentrer pour dompter ce coursier rebelle. La vitesse augmente, les muscles fatiguent. Enfin, après pas mal de km nous apercevons les lumières de la nouvelle usine hydro-électrique située au-dessus de Fabrèges. Un ouvrier espagnol est là pour nous aider, et même nous dépanner. C’est chic. Nous avons même droit à une vulcanisation s’il vous plaît !
A partir de là nous pouvons foncer sur Pau. Est-il nécessaire d’aller si vite ? Le résultat ne se fait pas attendre : la traître plaque de verglas de Fabrèges est toujours là, elle ne nous a pas oubliés !
Arrêt à Arudy, du côté de la ferme d’Anglas, pour récupérer nos sacs. Je ne sais pas ce que font Hervé ou la moto mais le chemin de terre qui y conduit fait battre des records de chocs et de tangage à ses passagers.
What a day !
Hervé veut rallier Pau le plus vite possible et malgré sa vue basse et l’éclairage approximatif de Maw-Maw il fait au plus vite. Ce Zèle m’inquiète, je ne suis pas rassuré. Et passé le pont du XIV juillet, au lieu de continuer tout droit comme il se doit pour rentrer chez nous, il file à droite le long de la Place de la Monnaie. Et là je comprends. Voilà que ça le reprend si ça ne l’a jamais quitté. Il veut revoir Marie sous le prétexte d’être à l’heure pour l’arrivée du train de François qui rentre de Bordeaux comme tous les vendredis soir. Il sait que Marie accompagne son père dans ces cas-là. Peut-être même se sont-ils écrit ?
Toujours est-il que nous arrivons pile à l’heure. Jamais Hervé n’a été aussi ponctuel. Donc quand il veut il peut. Et étant donnée la journée passée et toutes ces péripéties comment a-t-il fait pour être à la gare à 19h21 ?
Les Fou-Fou sont ébahis de nous voir, surtout dans la tenue qui est la nôtre. Nous passons un moment au Café de la Gare. Marie fait une distribution de bonbons que nous devons accepter de gré ou de force. Marie s’installe en face de nous. Je n’ai pas noté les propos d’Hervé lors de ce pot. C’est dommage.
Il est noté ce jour-là dans l’Agenda de Denyse que nous avons pris 3 bières, 1 café, 5 chocolats au Café de la Gare à Pau…


other sizes: small medium original auto
comment | share