1954jm : 12 ans-13 ans - Année scolaire 5ème à l’Immac. Le prof principal
est l’abbé Etcheverry (Etché), qui finit par me balancer, content de lui,
que je suis un élève très moyen. Pour ce sanguin point de salut hors de la
profession de boulanger-pâtissier ! Il nous fit décorer les murs de la
classe avec des photos récupérées par les élèves dans divers magazines [Ce
fut le cas également en troisième avec Ratus l’abbé Duverger qui, lui,
nous demanda d’expliquer notre choix par écrit]. Etché finit ses jours
à Rébénacq. Nous l’apercevions sur la place du village, assis sur un
banc en compagnie d’autres vieux, lors de nos randonnées en vélo vers
Arudy. Je retrouve l’inénarrable abbé Bourdet comme prof de Maths ; à
ceux qui ne comprennent pas ses explications abscondes il leur écrase le
chiffon de craie sur la figure ! Tous ses cours se font fenêtres ouvertes,
même s’il gèle. En Anglais c’est l’abbé Lazorthes, une terreur, bien
plus « civil » que curé. Grand « explorateur » de la Laponie, Terra
presque Incognita à l’époque
En Juillet petite expédition en train jusqu’à Bielle, puis à pied au
Bénou, seul avec Mam. Cueillette d’édelweiss au Rocher d’Aran. (voir
plus loin). Entrée en 4ème en Octobre.
Apprentissage de la photo et découverte inattendue suggérant l’épisode
imaginaire d’un romantisme cru.
Mon père m’apprend cette année-là la photo de A à Z, chimie, pellicule,
papier, agrandisseur, développement, tirage et me prête un vieil
Zeiss Ikon qui me fit long usage et m’offrit une boite de marque ULTRA
FEX (France Fexar Optic), faisant des photos de beaucoup moins bonne
qualité que le Zeiss et de format 6x9 gourmand en pellicule.
Le petit ZEISS IKON magique
Et pourtant si simple ! Le Zeiss n’avait que trois vitesses d’obturation
possible (1/25, 1/50, 1/125ème de sec.) mais l’avantage prodigieux
d’avoir un système mécanique capable de retarder le déclanchement de
l’obturateur. Le selfie était né. J’ai usé régulièrement de cette possibilité
afin de figurer sur certaines photos en compagnie de mes compagnons de
courses. Pas de cellule, les réglages se faisant au jugé. Les résultats
étaient cependant excellents la plupart du temps et certains de mes meilleurs
clichés ont été obtenus avec cet appareil léger et compact grâce à son
soufflet. Il avait fait ses premières armes avec le maître es photos
Noir&Blanc Jean Bordenave dans les années 1930 et est toujours opérationnel
en 2021 bien que désormais au musée. C’est grâce à lui que j’ai vraiment
appris à « faire de la photo ». Je lui en suis immensément reconnaissant,
et que du fond de la vitrine dans laquelle il doit sans doute broyer
du noir - un comble - il veuille bien me pardonner de l’avoir laissé
tomber pour une ribambelle d’appareils de toutes sortes, avec la recherche
permanente de l’impossible perfection et en tous cas celle du plaisir
primordial qu’il m’avait procuré - et sans doute jamais retrouvé. Tous
les clichés 4.5x6 cm N&B et même couleur qu’il m’a offerts sont conservés
et classés pieusement, hormis quelques-uns, et pas des moindres [couloir
de Gaube, Ossau...] empruntés par Hervé, jamais rendus et sans doute perdus.
Une habitude chez lui.
La photo ! Un rêve devenu réalité. La magie d’une image qui apparaît
progressivement sur le papier photo plongé dans le révélateur, dans
l’ambiance mystérieuse procurée par la parcimonieuse lumière rouge du
labo (ou de l’endroit qui en tient lieu - en l’occurence le bureau paternel
pour les premiers essais), le tout dans un silence religieux pour
ne pas déranger les courageuses petites molécules qui se dépensent
sans compter pour créer l’image désirée. Quel plaisir ! Quelle joie !
Quelles récompenses !
Avant même de réaliser mes propres clichés, je me suis précipité sur
ceux que mon père stockait dans une armoire et me suis mis à tirer à
tout va tous les négatifs que je trouve en utilisant le vieil agrandisseur
qui dormait dans un coin depuis des années et ne demandait qu’à servir.
Je réussis quelques beaux agrandissements, dont celui de la face NW de
l’Ossau réalisé par G. Arruyer, (que je possède toujours) sur des papiers
photo d’au moins 10 ans d’âge, mais toujours vaillants ! C’est à cette
occasion que j’ai exhumé une pépite que mon père s’était bien gardé
de mettre en évidence : « shooting » sur un sommet anonyme d’une série
d’exhibitions de son copain Jean M, joyeux drille en ce temps-là. En
premier planPopo y apparaît, c’est déjà un motif de censure prioritaire.