Les hiérarchies avaient opté pour l’abandon
pur et simple de tout ce qui constituait la
matière active des labos de chimie des LCP.
Comment quoi ?!! Arriver à poil à Lacq avec la
nécessité de nous rééquiper de À à Z des
matériels et produits chimiques très spécifiques
afin de poursuivre nos recherches entamées au
CRP et dont, comble de l’ironie, les hiérarchies
stratosphériques allaient nous demander des
comptes incessamment sous peu.
Et avec quel argent aurions-nous pu remplacer nos
trésors perdus ? Pas de budget prévu pour cette
fantaisie. Sans compter le crève-cœur de voir tout
le beau matériel quasiment neuf envoyé au dépotoir.
Un matériel acquis très souvent de haute lutte car
les budgets de la Recherche sont toujours serrés.
Et disons-le un matériel auquel nous étions attachés,
on pourrait presque dire que nous l’aimions car nous
l’utilisions quotidiennement en en prenant soin afin
qu’il soit toujours opérationnel. En consultant la liste
du matériel on met le doigt sur le drame provoqué par
l’abandon de tout ce qui a rempli notre vie de chercheurs.
Mais d’autres, obéissant jusqu’à l’obséquiosité si ce n’est
par désespoir ont tout abandonné. Qui des analyseurs
biochimiques et des spectrophotomètres dernier cri, qui
de superbes spectrographes de masse (Atlas) d’un prix
exorbitant. Qui une cellule équipée intégralement pour
l’étude et la réalisation de sources lumineuses industrielles,
etc…
Le grand chef fut payé à ne rien faire. Grand bien lui fît.
D’autres cadres démissionnèrent.
La plupart ont intégré le centre de Lacq en estimant
que leur carrière de chercheurs était terminée. Ah il
était loin le temps où, jeunes cadres ambitieux, ils
estimaient qu’ils n’étaient pas rémunérés à leur juste
valeur et que cette valeur serait mieux reconnue ailleurs.
Aujourd’hui, la queue basse, ils rentraient à la niche, c’est
à dire dans un bureau minable flanqué d’un petit labo vide.