Samedi et Dimanche, 16 et 17 Juillet 1966 - Pombie et des soucis pour Hervé
Chantal, Jean
Véhicule : Dyna
L’idée d’aller faire quelque chose à l’Ossau, s’il nous accepte.
Et pour cela d’aller camper à Pombie, lieu béni autrefois, mais pas
aujourd’hui. La démocratisation insensée de la montagne impose des refuges
de plus en plus grands, de plus en plus confortables pour que ces ploucs
des villes n’y soient pas trop dépaysés. A jouer leur jeu on fait perdre
son âme à la montagne, seul lieu de liberté qui nous reste.
Nous étions choqués par la construction bizarre au sommet de Sesto, (pylone electrique)
nous le sommes tout autant par le déploiement de technologie pour
construire le nouveau refuge de Pombie. Je souhaite un temps où toutes
ces horreurs seront rasées pour rendre sa virginité à la montagne.
Et pourquoi pas un téléphérique pour gagner le sommet de l’Ossau en
toute quiétude tant qu’on y est ? (projet envisagé dans les années 30,
ainsi qu’une route pour aller au Marcadau, et de là en Espagne).
L’exploitation du téléphérique sur un modeste sommet près de Lourdes
(le Pibeste, 1349 m) fut un échec. Tant mieux. La connerie a des limites.
La liberté se gagne, rien n’est gratuit dans la vie. Camper à Pombie
suppose un sac lourd, monter sa tente, préparer son repas. Que du bon.
Mais pas pour le vulgum peccus. Et un vrai sommeil profond dans l’air
frais et pur de l’altitude parachève le bonheur d’être là.
En plein mois de Juillet personne à Pombie, c’est louche. La météo,
nouvelle invention pour éviter aux ploucs de se mouiller, ne doit pas
être bonne. Et en effet il pleut le lendemein. Profitant de courtes
éclaircies nous gratonnons quelques blocs, visitons la Raillère, un
monument à elle seule, et nous replions sur Arudy. Il nous reste assez
de temps pour défricher un petit coin de notre royaume. Et d’y
savourer le thé de la liberté. Le vrai bonheur, c’est souvent peu de choses…
Mardi 20 Mars 1973 – Rando ski : Pombie AR - Refuge = pompe à merde
Visite au refuge de Pombie encore désert en ce jour du
Printemps. Malgré sa taille il disparaît presque sous la neige.
Nostalgie de l’ancien petit refuge. Il était là pour dépanner,
alors que l’autre se prend pour un hôtel cinq étoiles. Il attire
les pégreleux comme la merde attire les mouches bleues. Il tue le
côté fantastique et romantique du site de Pombie. Ce nouveau refuge,
repaire des randonneurs et non plus des grimpeurs, aurait dû être
implanté à Aneu ou au Caillou de Soques afin de préserver la tranquillité
et le romantisme sauvage de la belle montagne et lui éviter tous ces
philistains impies. Croyez-moi, lorsque ce lieu de Pombie, avec son
petit lac en forme de cœur, est désert, il se dégage une force incroyable
de la masse minérale issue des entrailles de la Terre. On communique
alors avec les forces telluriques de la Terre et par elles à celles de
l’univers. Il est évident que ce site force à la méditation, et en ce
sens il faut le considérer comme un monument sacré. Pourquoi commettre
ce sacrilège de le violer avec nos merdes humaines ? Le petit refuge
était presque trop, malgré son humble présence, mais alors le gros, avec
toutes ses ordures et les caquettements des psittacistes de la montagne…
à raser et semer à la place du génépi et de la réglisse alpine.
Mercredi 19 juillet 1972 - Plomberie à Pombie
Seul. 403 jusqu'au Pourtalet.
Je suis au chômage, alors pas de petits profits. A la demande d'Hervé
j'interviens à Pombie pour réparer un tuyau crevé par le gel. C'est
une période où je termine la distribution d'eau dans la maison de
Croix de Buzy. Je possède donc tout le matériel idoine pour l'intervention.
A mon arrivée Hervé est dans un état assez fréquent chez lui. Il court
dans tous les sens à cause de la prise d'eau qui alimente le refue qui s'est
débranchée. Pas de quoi s'affoler, ce genre d'incident est banal en montagne.
Il faut prendre son temps calmement, ce qui est impossible pour Hervé.
Il fait à peine attention à moi et finit par me demander le motif de ma venue.
Il ne sait pas où se trouve le tuyau crevé.
Il a d'autres soucis immédiats. Les sacs poubelles remplis des déchets du refuge
s'accumulent à proximité de ce dernier. Le CAF, propriétaire du refuge, souhaite
que ces immondices ne soient plus exposés au vu et au su de tout le monde. Le projet
immédiat est de les fire "disparaître" dans le pierrier voisin du refuge. Peu importe
la vue qu'auront les grimpeurs depuis les parois et les sommets de l'Ossau. Il faut
parer au lus pressé (m'est avis que c'est pauvre Marquise qui aurait dû les descendre
à Aneu au fur et à mesure). Hervé et Renée n'avaient pas pensé à ce "détail" lors de
leur candidature pour le gardiennage du refuge. Une organisation rigoureuse est un
concept qui échappe totalement à Hervé.
Ce souvenir en appelle un autre du même acabit