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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing and skiing in Pyrenees in the '30s >> Quelques figures des années '30 > Robert de Villeneuve à Gourette, devant l'hôtel Edelweiss
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Années 30 Françoise Levavasseur

Robert de Villeneuve à Gourette, devant l'hôtel Edelweiss

Robert de Villeneuve le skieur, par R. Ollivier
Robert de Villeneuve Bargemon était né le 11 mai 1905, à Paris, mais sa famille était originaire du Var. Fils d'officier, de Villeneuve avait fait ses études à Compiègne, puis à Versailles, puis au Collège du Rosey près de Lausanne où il commença à s'adonner au ski et à la montagne. Ingénieur-agronome, il mettait en valeur un domaine près de Pau, à Bougarber. Il était très aimé de ses compagnons palois, qui, la veille de l'enterrement, partirent en caravane pour cueillir un monceau d’edelweiss et de fleurs de montagne [sur l’initiative de Maïté Cabanne, ndlr], dont ils couvrirent le cercueil
… Robert de Villeneuve fut avant tout un skieur : mais ce skieur avait une âme trop bien trempée, trop éprise de beauté et d'idéal pour ne pas être fasciné par la montagne qui, tout d'abord, n'avait été pour lui que le décor de ses courses vertigineuses sur la neige. Lorsqu'il connut les Pyrénées il avait déjà acquis, en Suisse, une belle maîtrise du ski. Il prit place tout de suite parmi les meilleurs skieurs pyrénéens. Chez les Palois, il demeura toujours le champion de la descente et du slalom et le meilleur sauteur. Rappelons quelques-unes de ses performances des dernières années. En 1933, lors de la première course de descente disputée sur le parcours Amoulat-Gourette (Championnat des Pyrénées), il se classe 6ème sur une quarantaine de concurrents, derrière François Vignoles, les frères Lafforgues et les frères Villecampe. La même année, il se classe également parmi les premiers dans la « Coupe du Patriote ». L'année suivante, il joue de malchance dans la «Coupe Falisse», disputée par un brouillard terriblement épais, et ne se classe que septième. Mais il prend sa revanche dans le Championnat des Pyrénées de descente, à Superbagnères où il se classe 4ème, dans le Championnat de saut, à Barèges, où il est second derrière Vignoles et devant les frères Villecampe et surtout dans la «Coupe du Patriote», à Gourette, où il gagne la course de descente dans le temps record, jamais égalé de 3' 57''. Puis il arrive second au Grand Prix de la Ville de Luchon, aux Championnats de France, disputés cette année-là à Superbagnères, malgré une participation étrangère importante, dont la supériorité était alors écrasante, il se classe 23ème à la descente, 21ème au slalom, sur plus de 100 concurrents. Il prenait place, ainsi, parmi les meilleurs skieurs français. En 1935, aux Championnats des Pyrénées à Courette, il ne prend que la sixième place à la descente, mais il est second au slalom, derrière Robert Villecampe et devant l'international René Lafforgues. A Mégève il gagne une course de descente disputée sur la piste de Rochebrune, mais, quelques jours plus tard, il se foule une cheville et ne figure plus dans les compétitions pyrénéennes.
Il avait en ski, dans la descente et le saut, un style très personnel, tout d'élégance, de souplesse et d'adresse. J'ai vu à l'œuvre des skieurs bien plus rapides et bien plus acrobates que lui. J'en ai vu peu qui fussent plus agréable il regarder. Il était aussi aimé qu'admiré, dans les milieux skieurs, car il fut toujours un ami fidèle, un adversaire loyal et généreux, qui ne marchandait pas plus à ses rivaux qu'à ses coéquipiers les conseils que lui inspirait sa grande expérience du ski.
Ses occupations d'ingénieur agronome ne lui laissaient que peu de loisirs en été. Il consacrait néanmoins ses quelques jours de liberté à la montagne. Après avoir effectué de nombreuses courses classiques, il rechercha, au début de l'année dernière des itinéraires moins parcourus. Nous fîmes ensemble la 2ème descente de l'arête de Costérillou [au Balaïtous,ndlr], le Mur de la Cascade [à Gavarnie, ndlr], la Pointe d'Aragon [à l'Ossau, ndlr]. Il avait, pour cette année, de beaux projets. Sur la face nord de l'Ossau, un lourd bloc de porphyre s'effondra et la fine silhouette de notre ami disparut il tout jamais des horizons pyrénéens.
Le lendemain de sa mort, Jean Santé et moi évoquions mélancoliquement les souvenirs de nos amis disparus, lorsqu'une idée navrante me traversa l'esprit. Le 15 juillet de l'année précédente, deux cordées pleines de gaîté et d'enthousiasme étaient parties à l'assaut de l'arête de Costérillou. L'une d'elle comprenait Henri Duboscq et Jean Santé. L'autre Herbert Wild, de Villeneuve et moi.
Je saisis le bras de mon ami : « Wild, Duboscq, de Villeneuve, dis-je, tous nos compagnons de Costérillou, mon pauvre Jean !». Il porta la main à son front avec accablement : « c'est vrai, murmura-t-il, il y a un an à peine de cela »
Nous nous regardâmes tristement. Ô Montagne de quels lourds tributs il nous faut payer les joies que tu nous donnes !
Robert OLLIVIER.
Bulletin Pyrénéen, n° 217, p. 109 – Juillet-Août-Septembre 1935

Les circonstances de l'accident de Robert de Villeneuve

Pic du Midi d'Ossau
Robert de Villeneuve (21 Juillet 1935)
Le 20 juillet 1935, plusieurs caravanes ayant dans leur programme des ascensions à l'Ossau se croisent à la Fourche qui sépare le Petit pic du Grand pic.
Jean Santé, avec deux compagnons, s'apprête à descendre par la face Nord. Exécutant peu après un rappel de 35 mètres, il entendra des cris venant du Grand pic, mais les prenant pour les appels joyeux habituels aux caravanes qui arrivent sur un sommet, il n'y prêtera pas autrement attention. La pensée d'un accident n'effleurera pas son esprit pas plus que celui de ses compagnons ; ils continueront à descendre tranquillement et apprendront seulement à Bious-Artigues ce qui s'est passé.
Un autre groupe, parti la veille de Pau, a couché à Bious-Artigues pour faire l'Ossau par l’Embarradère. Les quatorze participants, qui se sont mis en route à 6 h du matin, sont arrivés à 8 h. au Col des Autrichiens, puis vers 11 h. 1/2 à la Fourche. Là, le groupe se divise. Tandis qu'Ollivier, Mlle Cabanne et Bernis vont au Petit pic, les autres continuent vers le Grand. Ils passent les dalles blanches et atteignent la base de la cheminée finale. De Villeneuve, jugeant les difficultés finies et la partie gagnée, déroule la corde de sa ceinture et la tient simplement à la main.
A cent mètres à peu près au-dessous du sommet, l'arrière-garde de la caravane formée par Mlle Levavasseur et de Villeneuve en tête, presqu'au coude à coude, Despaux à dix mètres plus bas, est dépassée par une caravane qui, descendant du Petit pic, monte à vive allure vers le Grand. Il est environ midi.
Quelques minutes se passent quand Mlle Levavasseur et de Villeneuve entendent un cri venant de la caravane qui vient de les dépasser et qui est maintenant à quinze mètres au-dessus d'eux.
- Pierre !... pierre
Ils lèvent la tète. Malheureusement, le soleil qui vient de paraître juste en haut de la cheminée les éblouit et, ne l'ayant pas vu, donc n'ayant pu l'esquiver, de Villeneuve reçoit en plein front le bloc de rocher détaché par la caravane. Il tombe en arrière, les bras écartés. Despaux, qui est à dix mètres en contre-bas, se précipite vers la ligne de chute du corps, le ceinture au passage, le plaque au sol, glisse un instant avec lui et l'arrête, au moment où tous deux vont rouler dans l'immense à-pic du versant nord.
Le groupe qui a détaché la pierre, entendant les cris, fait halte; un de ses membres descend pour se rendre compte de ce qui se passe, aide au pansement, puis remonte pour rejoindre sa caravane qui continue la montée et prévient l'avant-garde déjà arrivée au sommet qu'un accident s'est produit. Des camarades descendent pour porter secours.
De Villeneuve n'a pas été tué sur le coup, mais il a le front enfoncé au point où la pierre a frappé. De plus, le choc a déterminé un renversement brutal de la tète en arrière et une fracture de la base du crâne. Le malheureux est complètement dans le coma et n'en sortira pas jusqu'à la mort.
On organise le difficile sauvetage. Despaux prend le moribond sur son dos et avec d'infinies précautions, aidé de ses camarades, le hisse jusqu'au sommet. La caravane qui a détaché la pierre a déjà quitté la cime et a poursuivi son chemin. En revanche, deux Bayonnais, montés par la voie normale, vont aider à descendre le corps. Le moribond est lié sur le dos d'un de ses camarades, tour à tour Cames, Barbe, Blanc, Broaly, Despaux, Léopold Lavie. Le porteur, que le poids ferait chavirer, est lui-même retenu étroitement à la corde par ses compagnons. Dans ces conditions, il ne faut pas moins de cinq heures pour descendre jusqu'au Col de Suzon. [Point de départ de la voie normale de l’Ossau, ndlr].
A partir du col, le corps est descendu sur un mulet jusqu'à une voiture d'ambulance qui l'emmène dans une clinique où la mort survient dans la nuit du lendemain, [malgré une trépanation, ndlr].
Louis Le Bondidier
Les accidents de montagne aux Pyrénées en 1935
Bulletin Pyrénéen n° 224, p. 440, Avril-Mai-Juin 1937


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