La rouille, la faille, le ver dans la pomme, la craquelure du béton...
Photographier pour moi n'est pas rendre compte avec une précision mécanique du monde devant l'appareil.
Photographier c'est se servir du monde réel, de la perception subjective que l'on en a, des rendus en valeurs de gris ou couleurs que le procédé photographique génère pour exprimer la rencontre d'un moment, d'une émotion, d'un lieu et d'une pensée imageante. Cette pensée exprime à la fois le vécu de son auteur et le poids de la culture, de l'histoire qu'il véhicule. Photographier a dit Cartier-Bresson, c'est mettre sur une même ligne "l'œil, le cœur, et l'esprit" ; ce à quoi l'américain Robert Adams ajoute, au sujet de la photographie de paysage, c'est de "la géographie, de l'autobiographie, et de la métaphore." C'est donc à la fois une discipline externe et interne et une activité libératrice–photographier libère du poids du monde et de nos attachements sentimentaux en les projetant, les imageant–, un espace d'expression et de poésie.
Comprenne qui voudra...
Il n'y a pas de vraie récompense sans effort.