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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> Septembre 1960 à l'Ossau > Sur les Vires. Au fond l'Eperon Gris
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29 septembre 1960 JMO

Sur les Vires. Au fond l'Eperon Gris

Nous venons juste de prendre pied sur la petite terrasse qu'un grondement sourd se fait entendre, suivi des sifflements aigus et des ronflements caractéristiques d'une chute de pierres carabinée. Les projectiles passent au large, devant nous. Nous n'avons pas repris notre souffle que ça recommence. Nous nous plaquons au maximum contre la paroi, un œil vers le haut et voyons passer à grande vitesse des projectiles de toutes tailles qui hachent l'air dans un bruit déchirant. Vite, fuyons cet endroit malsain ! Vers le haut, vers la droite plutôt.
Dans ma précipitation j'arrive à bout de corde sans avoir trouvé un point de relais et la complexité du terrain m'empêche de communiquer avec JP. Corde tendue j'attends qu'il ait compris et qu'il me rejoigne. Ce qu'il fait en enlevant au passage un piton d'assurance que j'avais placé et qu'il pulvérise ce faisant un magnifique mousqueton "zicral" tout neuf. Le matériel était précieux à cette époque, d'où la colère !
Le temps se couvre irrémédiablement. Quelques flocons virevoltent autour de nous. De vires en virettes nous parvenons sur le bord d'un dièdre très ouvert, compact. C'est celui de la directissime sud de la Pointe Jean-Santé, ouverte l'année dernière. Notre seule ambition est de la traverser pour continuer en direction du cirque suspendu sous le Pentagone. L'ensemble est très aérien et ressemble à une super "vire des Aviateurs" (passage équivalent mais plus facile de la voie des Vires classique qui court au-dessus de nous). Trois pitons d'assurance sont nécessaires tellement c'est glissant. Concentré sur le passage je ne me rends pas compte de l'évolution de la météo. Nous sommes pris dans une bourrasque de neige. Le vent violent envoie à l'horizontale dans un sifflement aigu des paquets de neige collante. J'en prends plein la figure et réalise que c'est maintenant la tempête. Le paysage, non encore caché par la brume, semble mouvant derrière les rideaux de neige qui s'élèvent et s'abattent en tourbillons énormes. Théâtre fantastique ! A l'ouest l'Eperon Gris, colossal et sinistre m'évoque une photo de la Rote Fluh à l'Eiger par mauvais temps (non, nous n'y sommes pas encore allés, nous sommes simplement en phase de préparation). Au-dessus de nous ce ne sont que dalles rouges lisses, surmontées de surplombs renfrognés. A l'est surgit la masse de l'Aiguille Jolly, noire et marbrée de neige. Nous sommes au-dessus de sortes d'escaliers géants et déversés plongeant dans le vide, jusqu'à nulle part. La lointaine caillasse de la Grande Raillère ressemble à du sable. On voit encore Pombie, son refuge et son lac. Ah nostalgie et regrets ! Qu'il est loin ce monde paisible et accueillant !

(Suite prochaine image)


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