photo sharing and upload picture albums photo forums search pictures popular photos photography help login
Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> Septembre 1960 à l'Ossau > Départ des Vires Inférieures
previous | next
29 septembre 1960 JMO

Départ des Vires Inférieures

Le sommeil est tellement réparateur et générateur d'oubli que le lendemain nous nous réveillons frais et dispos, prêts à recommencer les mêmes bêtises que la veille !
Car nous ne savons toujours pas l'heure qu'il est. Un coup d'oeil à la porte du refuge nous fait découvrir un paysage entièrement blanc, sous un ciel toujours gris, et baigné d'une lumière uniforme. C'est beau, bien que la couche de neige soit très superficielle. Un simple rayon de soleil, vite disparu, suffit à la faire disparaître. Peu importe, pour nous c'est un signe d'encouragement à tenter autre chose aujourd'hui. Nous en sommes friands. D'accord, choisissons un truc plutôt gratifiant et assez court : la voie Mailly à la Pointe Jean-Santé par exemple !
Comme hier nous nous précipitons sur les sacs que nous remplissons de ferraille et de nourriture (plus qu'hier !) , d'une lampe frontale (on ne sait jamais, question d'expérience) et des deux cordes. Et nous voilà bientôt à nouveau dans la Grande Raillère.
Nous arrivons très vite au niveau de l'attaque de la voie, attaque que nous mettons un moment à identifier. Quand nous l'avons trouvée, nous constatons que le départ est sévère, surtout quand il est humide. De plus le ciel se plombe, devient sombre et laisse présager de la neige sous peu. L'expérience d'hier nous dissuade de nous engager dans la voie Mailly. Jusque là rien que de la sagesse !
C'est JP qui réactive les petits démons qui dorment en nous. Aujourd'hui c'est moi le plus sage. Peut-être ne se rend-il pas compte ?
Il a avisé une petite vire herbeuse qui court sous la voie des Vires classique, puis se perd dans une immense paroi vertigineuse. A priori je ne suis pas très chaud, au propre et au figuré. Je sais que ce genre de vire innocente va nous projeter en très peu de distance au milieu d'une muraille vertigineuse, très impressionnante, et ira se perdre dans un dédale inextricable de couloirs, de vires et d'éperons sinistres. Avec en prime l'impossibilité de revenir en arrière si les conditions deviennent mauvaises. Donc je ne suis pas très chaud, mais j'opine néanmoins. On peut toujours jeter un coup d'œil. Au fond de moi je sais ce que cela veut dire.
C'est tout facile au début. La vire herbeuse initiale se faufile de façon pittoresque sous un vaste auvent qui fait caverne. Mais à la sortie, une discontinuité nous arrête. La vire se transforme en une dalle fuyante et mouillée et l'assurance de la corde est aléatoire. Je propose que l'on arrête là les frais car je ne sens ni la voie, ni le temps. Bref je me dégonfle. JP ne l'entend pas de cette oreille, et prend la tête. C'est son côté explorateur de cavernes qui prend le dessus. Hier, au pied de parois verticales c'est lui qui se dégonflait. Mais ici, dans un terrain subtil qui correspond mieux à ce qu'il connaît il a retrouvé toute son audace. De passage en passage nous franchissons des vires herbeuses faciles qui contribuent à nous faire pénétrer de plus en plus loin dans ce monde pervers. Je reprends la tête pour explorer la suite. Une longue traversée horizontale sans problème est interrompue par un passage délicat qui permet de prendre pied sur une petite plate-forme au-dessus de laquelle on aperçoit un piton rouillé. Nous estimons que nous sommes en train de croiser la voie Mailly dont nous avions envisagé l'escalade.

(Suite prochaine image)


other sizes: small medium original auto
comment | share