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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> Septembre 1960 à l'Ossau > SE du Grand Pic
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28 septembre 1960 JMO

SE du Grand Pic

Ossau - Pyrenees

Chacun comptait sur l'autre pour porter une montre. L'heure exacte qu'il peut être commence à nous échapper. Une certaine dérive dans le temps s'installe. Nous n'en n'avons cure. D'ailleurs le temps (l'autre !) semble s'améliorer, la lune montre le bout de son nez de temps en temps. Excellent pour le moral, ça. Pour fêter le beau temps que nous croyons revenu nous nous accordons une pause, le temps de dévorer un sachet de noisettes. La maman de Jean-Pierre a bien fait les choses : son sac est rempli de petites surprises.
Passé le col du Soum de Pombie le brouillard revient et notre navigation se fait à l'estime. Des bribes de sentier nous amènent sur des pentes d'herbes raides et glissantes. Au cours d'un dérapage Jean-Pierre lâche la bouteille de butagaz qu'il était obligé de serrer dans ses bras depuis Aneü, faute de place dans les sacs. La bouteille prend aussitôt la poudre d'escampette et file allégrement dans une direction qui n'est pas la nôtre. Par chance je chemine plus bas que JP et puis intercepter le missile in extremis ! Un placage comme au rugby. Vu la profondeur de "l'abîme" et la longueur de la pente, c'était repas froid pour tout le séjour !
Ces menues péripéties nous conduisent au refuge, désert cela va de soi.

Remarque : nous sommes dans l'ancien refuge qui sert actuellement de remise au nouveau refuge
construit en 1967.

Il est tout proprêt et nous semble bien sympa. Il ne manque rien puisqu'il n'y a rien. Des gens ont même brûlé le manche du balai ! Dommage qu'il n'y ait une horloge. Nous cuisinons une grosse ratatouille pour caler nos estomacs affamés. Des monceaux de victuailles sont étalés partout. Il y en a pour six ! Nous mangeons jusqu'à plus faim, et l'estomac calé à bloc nous investissons les bas-flancs superposés : en bas pour JP, en haut pour moi et nous endormons immédiatement jusqu'à une heure incertaine du lendemain, qu'aucun soleil ne peut nous préciser.
Le petit déjeuner est à l'image du repas du soir : pantagruélique. Nul doute que les examens ont puisé dans nos réserves !
Nous baguenaudons un moment autour du refuge, le nez en l'air. Le temps est gris, sans couleur. Des écharpes de brumes cachent la partie supérieure du pic, les rochers luisent d'humidité. Il fait froid. Rien d'engageant. Nous tergiversons, discutons de chose et d'autre, entamons la lecture du livre du refuge, cherchons quelle voie nous pourrions escalader aujourd'hui. Notre dévolu se porte sur la Sud-Est du Grand Pic. Nous n'avons aucune idée de l'heure qu'il est, cette voie est courte, et le fait qu'elle démarre presque en haut de la Grande Raillère n'est pour nous qu'un détail. Simple échauffement.
Le plafond s'est élevé suffisamment pour dévoiler totalement le Grand Pic, mais le ciel est chargé, sombre. Cela ne nous décourage pas. Nous préparons les sacs à toute vitesse, comme si nous allions rater un rendez-vous important. Ah oui, c'est bien le moment de se dépêcher, car rien ne sert de courir, c'est bien connu, si l'on n'est pas parti à temps. La nuance pour nous est que nous ne savons pas si nous sommes partis à temps ou pas. Nous possédons cependant un semblant de conscience qui nous suggère que nous ne sommes pas vraiment dans les temps. Mais l'important est de bouger.

(Suite à la prochaine image)


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