3 Juin 1961 – Réponse de Jean Franco à une demande écrite de Robert Ollivier pour satisfaire un projet d’Hervé.
Hervé est décidément emballé par la montagne, ne souhaite plus être correcteur à l’Eclair comme l’an dernier pour gagner quelque argent et pense tout d’un coup qu’être porteur dans un refuge des Alpes pourraît tout à la fois lui permettre de changer d’horizon, enfin connaître ces Alpes grandioses et gagner quelques sous. Banco ! Mais quel refuge solliciter ? La saison s’avance, n’est-il pas trop tard ? A qui s’adresser, comment faire ?
C’est alors que nous pensons au père Ollive qui a ses entrées dans le monde alpinistique. N’est-il pas membre du GHM, Groupe de Haute Montagne à la renommée internationale, bien au-delà des microscopiques Pyrénées. Il connaît des gens, des gens de la Haute (Montagne), il connaît même Maurice Herzog, Lachenal, Jean Couzy, Lionnel Terray, Jean Franco, des gens pour lesquels, en ce temps-là, tout ce qui ne fait pas 8000 mètres est sans intérêt. Qu’est-ce alors pour eux un modeste porteur de refuge de vingt ans qui n’a pas dépassé 3000 mètres dans ses montagnes natales ?
Robert consent néanmoins à écrire à Jean Franco, qui est alors directeur de l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme de Chamonix (ENSA). Lequel lui fait la réponse suivante [apparemment c’est lui qui a tappé la lettre) :
Mon Cher Ami,
Comme Robino a déjà dû te le dire les gardiens de refuge du massif du Mont Blanc (et d’ailleurs aussi) hésitent à engager des porteurs qu’ils ne connaissent pas. Je me suis renseigné, ce sera très difficile.
Je parle toutefois de cette affaire à Charles Balmat* qui tient le bureau du C.A.F. à Chamonix et qui est en relations constantes avec les gardiens de refuge.
En toute amitié
Jean Franco
*Descendant de celui qui a gravi le Mont Blanc pour la première fois.
Dans la réalité, difficile ou pas, le gardien du refuge du Tour sera bien content de disposer d’Hervé tout l’été et de lui faire porter des charges qu’un âne refuserait !