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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing in Sixties >> 1964 > Doigt de Pombie, face Est du Pic d'Ossau
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JMO

Doigt de Pombie, face Est du Pic d'Ossau

Ossau - Pyrenees

Le Doigt de Pombie en hiver, par Michel Podevin
Voir aussi http://www.pbase.com/image/31027089 le récit de J. Ollivier
HIVERNALE AU DOIGT DE POMBIE (OSSAU)
22 Janvier 1964 - Jean OLLIVIER et Michel PODEVIN


L'exceptionnel beau temps qui marqua le début de l’hiver fut
très apprécié par quelques grimpeurs en quête de nouveautés.
Plusieurs courses hivernales furent réussies dans les Pyrénées et
notamment dans le massif de l’Ossau.

C'est à peine deux jours avant que nous décidâmes Jean et moi d'aller tenter le Doigt de Pombie, cinquième pointe de l’Ossau, aiguille secondaire située sur le versant Est du grand Pic. Le temps se maintenait toujours,imperturbable sans un nuage, et un froid très vif régnait sur la région ; les conditions paraissaient excellentes pour ce genre d’excursion où le temps joue un rôle déterminant dans le déroulement de la course.
Pierre [Coquerez] fut réquisitionné pour le transport de l'expédition et le mercredi matin 22 janvier à quatre heures nous voit en route vers Socques.
Deux heures plus tard nous sommes à pied d'oeuvre ; enfin presque car il faut gagner encore le pied de la paroi. Nous quittons Socques à la lueur de nos lampes frontales ; il a été convenu avec Pierre qu’il viendrait nous chercher ce soir vers les six heures, nous avions envisagé avec le plus grand optimisme de terminer la course dans la journée,
Trois heures après avoir quitté Socques nous atteignons le pied de l'Ossau qui commence à rosir dans les rayons de l'aube. Arrivés à l'attaque, nous examinons la voie; il est bien là ce Doigt, il parait même si proche, que déjà nous faisons des projets optimistes; il serait question d'une sieste au sommet; et pour commencer, un projet de casse-croûte est adopté à l'unanimité. Quand tout à coup, alerte ! des sifflements caractéristiques nous mettent sur nos gardes; un convoi de projectiles de dimensions respectables passe à quelques mètres. Il vaut mieux ne pas s*attarder plus longtemps dans ces parages, et le casse croûte est remis à plus tard. Après avoir atteint les premiers rochers nous nous apercevons avec beaucoup de surprise qu'ils sont recouverts en partie de verglas, la partie supérieure ne paraît presque pas enneigée, mais en réalité, je m'apercevrai plus tard que l'effet de perspective qui ne laissant apparaître que les parties verticales qui sont sèches, est très trompeur. Pendant que je prends une photo du magnifique panorama qui nous entoure, Jean s'élève très prudemment entre des plaques de glace, louvoyant à droite et à gauche, pour finalement venir buter sur un ressaut très redressé, de dalles plus ou moins verglacées. Je le rejoins et nous examinons la suite qui se présente très mal, le verglas luit de tous les côtés et quand ce n'est pas le verglas, c'est de la neige instable que nous rencontrons. Il va falloir traverser vers la gauche où nous distinguons des couloirs qui semblent offrir une possibilité do progression plus facile. Mon camarade entame la traversée et disparaît derrière un angle de rocher, je l'entends "bougonner", des coups demarteaux, quelques morceaux de glace qui volent, clac des mousquetons et je pars à mon .tour. La traversée me pose Quelques problèmes.
L’assurance est loin et ces dalles enneigées me paraissent assez scabreuses ; avec une combinaison de
gratonnages et d’adhérences suivis de quelques dérapages, j’arrive au bout ; je transpire, pourtant il doit faire dans les –15°C. Nous sommes maintenant en plein dans les couloirs, qui sont garnis de neige poudreuse, neige instable qui coule en cascades, et arrose copieusement le second. Nous remontons des cheminées remplies de neige farineuse et c’est une véritable tranchée qu’il faut creuser pour pouvoir avancer. Les coincements énergiques
alternent avec les dérapages. Heureusement l’efficacité des coincements l’emporte sur celui des dérapages, ce qui nous permet de nous élever. Le dernier ressaut avant la brèche [entre Doigt et paroi] est enlevé à toute allure. Un moment l’élan est arrêté par une dalle d’aspect très rébarbatif, elle a l’air très lisse, mais en regardant de plus près on s’aperçoit que sous la neige elle cache de minuscules grattons. Il va falloir faire du nettoyage. Je m’abrite et attends que la balayeuse ait fini son travail pour m’élancer à mon tour.
A 17h30 nous débouchons au sommet. Il fait un froid polaire. Vue l’heure plus que tardive, si nous voulons nous épargner les plaisirs du bivouac hivernal [non équipés], il va y avoir du sport pour la descente.
A la brèche nous installons le premier rappel, il nous en faudra cinq de soixante mètres pour refaire en sens inverse l’itinéraire de la montée.
Il fait nuit lorsque nous arrivons sous la rimaye. Il ne nous reste plus qu’à nous laisser glisser en ramasse jusqu’au refuge de Pombie. Nous sommes assoiffés et affamés, il nous tarde de retrouver la voiture.
Notre brave Pierre nous réconforte avec des vivres et des boissons. Une magnifique journée de montagne s’achève. Une fois de plus l’Ossau n’a pas failli à sa réputation
Michel Podevin


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