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Jean M. Ollivier | all galleries >> Climbing and skiing in Pyrenees in the '30s >> Quelques figures des années '30 > Henry le Breton
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4 Août 1932 Robert Ollivier

Henry le Breton

Tour de Costerillou - Balaïtous

L'un des fondateurs du Groupe Pyrénéiste de Haute Montagne (GPHM).

Note sur la traversée du Soulano au Gavizo Cristail par Henry Le Breton :

La première traversée de la Crête du Diable en sens nord-sud a été effectuée en juillet 1927 par Pierre Abadie et Jean Arlaud. Une tentative de seconde traversée fut faite le 7 septembre 1931 par François Cazalet et Robert Ollivier ; mais elle échoua au sommet du Trident Nord par suite du très mauvais temps. La seconde traversée du Soulano au Cristail a été réalisée le 8 septembre 1932 par Henry Le Breton, Robert Ollivier et Bernard Sanchette. Voici quelques indications sur cette course.
La descente du Soulano dans la brèche de La Pierre Levée fut effectuée à toute crête, par l’itinéraire qui doit être normalement celui de montée. Deux courts rappels de corde : l’un de 4 mètres, l’autre de dix.
La face nord du Trident Nord demande plus d’habileté. Il faut emprunter (un peu à gauche) une fissure en S formée par une lame de roc appliquée sur une dalle lisse. On en vient à bout par trois rétablissements ; mais cette manœuvre est assez délicate à cause de la fragilité d’un feuillet de la roche. Il faut chercher ses prises plutôt vers la gauche que vers la droite. L’arête supérieure du Trident Nord est la plus aérienne de la Crête du Diable. Un bout de rappel facilite le passage de la pointe nord à la pointe centrale. Le rappel dans la brèche du Trident Nord a 20 mètres de long.
Robert Ollivier effectua en leader la première ascension de la Corne Nord. Montée par l’angle gauche de la face Nord. Bon rocher ; prises de choix. Escalade sensiblement verticale ; aucune difficulté.
Il reste à passer en tyrolienne d’une corne à l’autre, ce qui serait une manœuvre logique, très possible, et que nous recommandons à nos successeurs.
La face nord du Trident Sud oppose peut-être la principale difficulté de la course. Notre itinéraire de montée fut exactement celui de notre descente du 13 juillet 1931, ce qui nous a permis de constater que la cheminée lisse de 18 mètres, dont il faut prendre la branche gauche à mi-hauteur, est compliquée d’un léger surplomb qu’on franchit par un joli travail de coincement. Au-dessus de la «banquette semi-circulaire », un mur sans prises se surmonte par une courte-échelle suivie d’un brusque rétablissement. Pour gagner la brèche du Trident Sud, un rappel de 10 mètres suffit.
On gravit aisément la face nord du plateau des Diables en utilisant une «boite aux lettres » qui prend la paroi en écharpe de l’ouest à l’est. Pour descendre la dalle sud du plateau, un rappel n’est utile qu’en cas de mauvais temps. Mais le rappel est plus indiqué pour descendre au sud du Castel Lucifer.
La première ascension de la Canine du Diable fut effectuée en leader par Henry Le Breton. Montée en pleine face Nord, par une fissure ouverte et haute de 3 à 4 mètres, qu’on atteint après une courte traversée vers la gauche. Une fente verticale, au fond de la fissure, fournit les prises. Léger surplomb à la partie supérieure ; difficile. Au-dessus, on trouve une large banquette, puis un escarpement muni de bonnes prises. Le sommet de la Canine est double. Il est en très mauvais rocher. Se méfier en posant un rappel et employer un très large anneau de corde. Le rappel sur la face sud a 22 mètres de haut.
La remontée de la Demeure Lagarat au pic de Cristail fut faite par l’itinéraire de descente du 13 juillet 1931. Un passage difficile. On peut d’ailleurs quitter la Crête du Diable à la brèche sud de la Canine, pour descendre par les neiges de Las Clottes. La remontée au Cristail ne s’impose nullement.
Dans l’ensemble, la traversée nord-sud de la Crête du Diable est plus difficile que la traversée sud-nord. Mais la seconde manière est plus progressive et plus harmonieuse puisqu’elle débute par des escarmouches et conserve pour la fin les plus beaux passages. D’ailleurs, les deux courses sont à conseiller ; elles se développent toute deux le long d’une arête d’allure «gréponesque », sur un rocher en général excellent, et dans l’un des plus beaux décors des Pyrénées. On peut les agrémenter de «morceaux » assez acrobatiques comme la traversée des Cornes ou celle de la Canine. Mais cela n’est pas indispensable pour jouir des charmes de l’arête. Le vrai montagnard a toute la joie d’utiliser pleinement ses moyens, d’éprouver sa technique sur cette «taillante de Castery ». Cette joie est d’ailleurs complétée par celle, plus idéale, qui naît en présence des précipices lumineux, des aiguilles fièrement dressées.
En résumé, la Crête du Diable propose un magnifique parcours que tout pyrénéiste hardi doit chercher à connaître, et que tout grimpeur, sincèrement désireux d’apprécier nos montagnes, doit envisager.
Henry Le Breton, La Montagne, Novembre 1933

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