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Jan - 1966

5 janvier 1966 - L'accident mortel de Lucienne et Bruno Butel

Mercredi 5 Janvier 1966 – Un drame chez les Butel.
Lucienne et Bruno Butel, Henri Butel, Hervé Butel et toute sa famille.
Mam, Jean
Voitures : Mini 1000 (accidentée), Dyna.

Semaine terrible pour les Butel.
Mercredi 5 Janvier, aux alentours de midi je reçois la visite de
Lucienne Butel à El Patio. C’est la belle-sœur d’Hervé, épouse de son
grand frère Henri. Elle est venue dans sa Mini 1000 avec son fils Bruno
un gentil gamin de cinq ans. Elle cherche Hervé et a l’air inquiète. Où
peut-il être ? Etant sans informations le concernant depuis un certain
temps je l’imaginais vivre à Montardon, comme d’habitude pourrait-on dire.
Mais, selon Lucienne, il a quitté Montardon sans crier gare ni dire où il
allait. Disparu. Sachant que nous étions copains de longue date elle
pensait que je saurais quelque chose. En me posant ces questions, ses
inquiétudes, son ton et ses yeux étaient ceux d’une amoureuse, indubitablement.
Encore une victime du charme « slave » d’Hervé comme il se plaisait à en
rigoler, lui l’implacable bourreau des cœurs ? Etant peut-être allé trop
loin avec sa charmante belle-sœur a-t-il préféré prendre de la distance,
et ce d’autant que son frère Henri n’est pas un tendre.
Que n’ai-je invité Lucienne à prendre un verre pour poursuivre
sereinement la conversation entamée dehors au portail du jardin d’El Patio.
Mais vu l’heure, inquiète et pressée elle ne tenait pas à s’éterniser
afin d’arriver à Montardon pour déjeuner avec son mari et ses beaux-parents.
Et elle me confie qu’elle repassera dans la soirée si elle n’a pas
d’autres nouvelles d’Hervé. C’est évident, elle est accro.
J’aimerais l’aider et je comprends so
n tourment. C’est une femme attachante. Elle me plaît à moi aussi. Mais
les absences d’Hervé ayant toujours été un mystère pour moi – un mystère
que je n’ai jamais cherché à résoudre – cet épisode-ci ne déroge pas à
la règle, sauf que je connais maintenant l’un (ou l’une) des tenants.
C’est en me faisant une réflexion de ce genre que je la regarde partir
dans sa petite tire de minette. Nous nous sommes promis que le premier
informé avertira l’autre.
Dans la soirée j’ai attendu en vain la visite de Lucienne. Tout est
bien qui finit bien me suis-je dit, elle a dû retrouver son Hervé.
J’ai appris la terrible nouvelle le lendemain matin jeudi, et comme
toujours en pareil cas, claironnée par Mam à travers El Patio, très tôt
le matin, le journal en main. Lucienne Butel et son fils Bruno tués dans
un accident de la route hier vers midi. Goût de cendres dans la bouche.
Comment est-ce possible ?
Et pour ajouter de l’horreur au drame, presque au même instant, à
soixante km de là, Hervé prenait connaissance de cette affreuse nouvelle
en parcourant le même canard que Mam. Il s’était réfugié à Gourette où
il connaissait du monde (Yves mon oncle et le berger par exemple, voir
la tentative au Sarrières) et où il avait occupé un poste de pisteur en hiver.
Effondré il est passé me voir à El Patio jeudi soir. Inutile de faire
des discours ou un dessin, il était évident qu’il avait perdu beaucoup
plus qu’une simple belle-sœur. Il portera lourdement ce deuil durant
des mois, et se montrera quelque peu suicidaire lors de ses entreprises
en montagne. (couloir Pombie-Suzon à l’Ossau, Grande Lézarde au Balaïtous).
Samedi 8 Janvier je suis allé assister aux obsèques et à l’enterrement
à Montardon avec Mam. C’était noir de monde. Henri, grand, figé,
m’a simplement dit « Merci, Jean ». Deux mots brefs que je n’ai pas oubliés.
C’est dur, et on a parfois envie de pleurer (sic).

Circonstances de l’accident mortel

Lucienne circulait tranquillement sur la route de Bordeaux, en
ligne droite à la sortie de Pau, peut-être un peu vite allez savoir,
lorsqu’une grosse berline s’est brusquement déportée à gauche et a heurté
de face la petite Mini 1000, la pulvérisant et tuant net ses occupants.
La vie, l’amour, la mort. Clap de fin.
Le responsable était un riche industriel de la région qui rentrait
d’une nouba, alcoolisé, n’ayant pas dormi de la nuit et s’étant brusquement
endormi au volant. Le même type d’accident est arrivé récemment au
maire d’Arbus qui a été lourdement puni. L’enfoiré de la route de Bordeaux
a bénéficié du fait que nous étions en 1966, que la législation dure
anti-alcool n’existait pas, et que du moment qu’il était assuré tout allait
bien. Puisse le remords l’avoir poursuivi jusqu’à la tombe, lui qui était
sorti indemne de l’accident. Même pas sûr puisqu’il « était assuré ».


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