Page 128 du Carnet III
Samedi 28 Août 1965 – Sesto.
Chantal-Jean
Minnie-François
500cc RGST et 2 CV.
Nous retrouvons Anfoy et Minnie à Arudy. Cela nous
rappelle un peu nos premières sorties à Arudy à Chantal
et moi, il y a déjà un an et demi.
Chantal et moi faisons la super-Charbonnier. J’y
trouve un passage très intéressant qui me fait réfléchir
un bon moment avant de le passer. Encore une nouveauté
pour moi à Arudy !
Je ne me souviens plus de ce qu’ont fait François et
Minnie. La voie en Z sans doute.
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Lundi, Mardi, Mercredi, 30 Août au 1er Septembre –
De la neige à Pombie !
Chantal-Jean
500cc RGST
Encore une idée de pauvres étudiants surmenés passant
leur temps sur les livres et les cours pour être prêts pour
les futurs examens, ceux de Septembre en l’occurrence, Juin
ayant été bien rempli et prodigue en échecs. Cette idée consiste
à croire que l’air de l’altitude, et de l’Ossau plus
particulièrement, devrait être favorable pour l’assimilation
des concepts tordus enseignés à la Fac (par un fou) et concernant
la physique fondamentale, telle l’électromagnétisme selon les
équations de Maxwell, dont on ne sait d’où elles sortent et
comment elles ont été obtenues. D’après le prof (fou) le savoir ne
sert à rien. Ce prof a fini dans un asile.
Nous partons donc, Chantal et moi, pour l’Ossau en moto avec
des sacs remplis de matériel de camping et plombés par des livres
et des cours. Nous montons aux lacs supérieurs de Pombie chargés
comme des bourriques sous un beau soleil d’été. Camp planté au bord
des petits lacs, face aux immenses parois Sud de l’Ossau, dans le
grand silence de l’automne imminent. Nuit excellente.
Le lendemain n’est pas aussi lumineux que je l’aurais souhaité.
Tout d’abord j’ai la flemme, elle ressemble à la lassitude née des
grands projets non aboutis. De plus le temps a changé, quelques
cirrus croisent hauts dans le ciel et une lourde mer de nuages
nous cache la plaine.
Avant d’attaquer le dur des révisions je tiens à montrer à
Chantal le camp de base Sesto Club d’Arudy établi sous la Quèbes
de l’Embarradère et utilisé lors des deux précédentes tentatives
aux Pitons de la Fourche.
Après cette visite nous retournons au camp où nous flemmardons
un peu avant d’entreprendre les révisions qui sont de la pure
abstraction dans cet environnement prodigieux. C’est le brouillard
qui a finalement décidé de monter qui interrompt nos studieuses intentions.
Nous nous réfugions dans la tente pour préparer le dîner. Las !
Un faux mouvement précipite l’eau du potage sur le tapis de sol. Mauvais présage !
Et en effet, durant la nuit la température tombe en même temps que
la toile de tente. Quelque chose de lourd pèse sur la tente,
obscurcit la lumière du dehors. La neige ! Elle a applati la
tente et il y en a partout. Elle continue à tomber, emportée par
des rafales de vent dans des tourbillons de brouillard. Le temps
n’est vraiment plus aux révisions !
Après le petit déjeuner pris sous la tente nous allons nous amuser
dehors. Bien emmitouflés nous trouvons le moyen de faire une énorme
boule de neige (photo). Puis nous plions le camp et partons, fouettés
par un vrai blizzard venu du Nord, et sous la menace d’un orage qui
tonne à qui mieux mieux. Nous sommes totalement plâtrés de neige
lorsque nous retrouvons la moto. Elle aussi est toute blanche, côté
vent. Et se met à faire la gueule. Elle n’a pas aimé toute cette
humidité et ce froid ; elle ne veut pas démarrer. Nous sommes obligés
de la pousser sur le chemin plein de cailloux montant à la route,
non sans peine mais moins difficile que n’a été le sauvetage de
la 4 CV de JP Besson en 1960 !
Nous constatons une fois de plus que la route du Pourtalet présente
un faible coefficient. Il faut descendre longtemps en roue libre
pour que la moto ait suffisamment de vitesse pour mettre le moteur
en prise et commence à tousser. Nous sommes toujours aussi gelés
lorsque nous arrivons à Pau.