Samedi 20 Juillet 1963 – Gourette, arête NE du Penemedaa.
Cordée : François-Jean
Véhicule : 2 CV
Je ne sais pour quelle raison nous avons manqué nous louper ce matin-là. Mais tout est bien qui finit bien et nous partons de Pau en 2 CV à 8h30 pour Gourette.
Le temps est frais, splendide. Gourette est beau et la montée vers
le Penemedaa, sur le gazon piqueté de rhododendrons rouges et parsemé
de petits arbres verts tendre est un enchantement.
Après un bon casse-croûte à la base des banquettes inférieures du
Penemedaa nous remontons ces dernières. Ce sont de grandes marches :
un ressaut, de l’herbe, puis un autre ressaut et de l’herbe. L’un
des ressauts est défendu par une belle cheminée assez difficile.
Coutumier à Gourette le brouillard s’invite alors que nous abordons
l’escalade proprement dite. Dommage. Au brouillard s’ajoute le
fait que la description du guide ne correspond pas à ce que nous
voyons sur le terrain.
Nous fiant à notre instinct de bons grimpeurs (!) nous suivons
l’itinéraire qui nous paraît évident. Il n’y a qu’un passage difficile,
le passage-clé du ressaut qui domine les banquettes : une dalle
gourettoise butant sur une fissure très raide. Rien pour être à
l’aise : prises inversées et fuyantes, rocher friable, pour ne pas
dire croulant. Coinçant mon pied droit pour garder l’équilibre j’arrive
à planter un clou, bien médiocre d’ailleurs, lorsque j’aperçois un
autre piton au-dessus de moi, à gauche. Il donne l’impression d’être
solide. Ça va mieux. Et, dérapant à qui mieux mieux, manquant de voler
avec des prises cassantes et cassées, tirant comme un âne sur la corde
qui s’est coincée entre deux lamelles de rocher, j’arrive à établir
un relais au-dessus du passage. Fançois se débrouille bien, enlève
les deux clous et arrive rapidement.
La suite est facile. Nous parvenons à la jonction de l’arête NE et
de l’arête Sud. Des déchirures du brouillard nous laissent entrevoir
un paysage et des parois grandioses. L’on est bien ici. L’arête se laisse
faire et, les anneaux à la main, nous fonçons de gendarme en gendarme.
Nous arrivons au supposé sommet Nord, mais nous avons du mal à différencier
les diverses pointes de l’arête. Lorsque nous pensons être arrivés au
sommet central – ici ou là – nous nous y arrêtons pour casser la croûte.
Les nuées se tordent et se retordent en tout sens. Le paysage est magnifique.
A la descente je trouve un magnifique « Zycral » (mousqueton en alliage
spécial). Aubaine. Nombreux arrêts au cours de la descente sur des pentes
qui sont des pistes de ski en hiver. Nous tombons sur la spatule d’un
ski Allais 60 et imaginons le vol qu’il aura fallu pour briser le ski.
La voiture est la bienvenue. Et la soirée au Foufouland aussi [s’il y en a
eu une, non notée dans le manuscrit].