A une longueur de l'attaque magnifique plate-forme où à notre premier
passage nous avions trouvé un sac rouge garni (de pain ?…)

1 On laisse à gauche la très grosse fissure curviligne pour
une autre fissure moins importante comportant au départ un surplomb
bien marqué (on le franchit par la gauche)
(début juillet on s'était un peu élevé sur les dalles à droite).
Trois ou quatre pitons y sont restés … ont échappé à l'ardeur
de récupérateurs inconnus…

2 Bivouac "étiré" sur une longueur. A cet endroit un gros
coin a été abandonné, il n'indique pas la voie. Le laisser à gauche
et s'élever dans le dièdre à sa droite.

3 Bonne et vaste plate-forme sur une dalle un peu inclinée
(c'est le point à atteindre, ou à s'arrêter si on veut faire un bon
bivouac …). Ne opas continuer par la fissure à droite de la plate-forme,
mais continuer au contraire par la gauche, surplomb en rocher gris-clair
(piton en U laissé)…

4 Longueur de libre sur rocher peu sûr, pitons (3 ou 4?..)
difficiles à poser. Au-dessus du surplomb, continuer tout droit puis
virer à droite pour contourner une nervure et se rétablir à gauche sur
une grande dalle déversée.

5 C'est au niveau de cette dalle qu'on revient à gauche en suivant
une grande cassure oblique d'une douzaine de mètres (3 coins de bois
en place … faire de son mieux pour montrer aux maîtres des lieux – choucas –
qu'on n'est pas animés d'intentions belliqueuses à leur endroit… à nous
ils ont failli nous bouffer…).
a. Dans la dernière longueur – nettement moins raide et difficile
que les autres – on a laissé 3 ou 4 pitons et 1 coin peut-être ?
b. Au total : une douzaine de pitons et coins laissés (au maximum)

Recommandations : on utilise très souvent les longs pitons en U (nous
en avions emporté une douzaine au moins).

NB Engagé au-dessus de 1/ il nous semble que pour redescendre il faudrait
rééquiper les passages, les longueurs surplombant + ou -

Juillet 1965
[Lettre d’Anne qui avait été missionnée pour aller voir les frères Ravier]

François et Jean,
Mission accomplie…mais délicate ! et il a fallu faire appel à
l’opiniâtreté de l’intermède dont il était question pour la mener
à bien. Après trois visites chez ces messieurs, j’ai pu obtenir
le croquis ci-joint ! Je les ai vu tous les deux -fort étonnés
d’ailleurs – et, je le répète encore, je ne suis que le modeste
porte-parole de ces messieurs.
Primo Ils n’étaient « qu’officieusement » au courant de votre
tentative précédent la leur… A la réunion du GPHM, vous n’en aviez
rien dit avec RV. Et s’ils en ont eu vent, ça a été par P. de
Bellefont et un autre gars de Pau dont je n’ai pas retenu le nom.
Donc, vous êtes, paraît-il, trop cachotiers et vous auriez pu dire
quels étaient vos projets à cet égard.
Secundo Après les premières tentatives des Ravier tout un stock de
matériel était resté sur place et quand ils sont revenus… Plus rien !
Ils ont trouvé cette façon d’agir un peu surprenante. Moi, bien sûr,
je n’avais rien entendu dire de ce côté… Y aurait-il donc eu une
troisième tentative ? Et ces 3ième hommes auraient-il récupéré le matériel ?
Tertio Ta précédente lettre, Jean, était trop sèche… Ces messieurs
sont susceptibles ! et la lettre que j’ai portée a été trouvée plus
sympathique… Néanmoins, un croquis seul répond. J’en passe… Les
susceptibilités ont l’air d’être exacerbées !!
Quatrièmement La course est belle (à vous d’interpréter si vous savez
quelle signification il faut donner à cette expression dans la bouche
de Pierre R.)
Cinquièmement J’ai fait ces petites démarches avec plaisir mais pour
les missions délicates, prière d’avertir ! Une petite lettre paraissait
anodine… Eh oui, c’est un agent secret ou un expert en psychologie
connaissant bien les uns ou les autres… Non ?

Bien amicalement,
Anne