En la saison les champs sont tous couverts de Grües ou Tochingo, qui viennent manger leurs bleds quand ils les sement, & quand ils sont prests à moissonner : de mesme en font les Outardes & les Corbeaux, qu’ils appellent Oraquan, ils nous en faisoient par-fois de grandes plaintes, & nous demandoient le moyen d’y remedier : mais c’estoit une chose bien difficile à faire : ils tuent de ces Grûes & Outardes avec leurs flesches, mais ils en rencontrent peu souvent, pource que si ces gros oyseaux n’ont les ailes rompuës, ou ne sont frappez à la mort, ils emportent aysement la flesche dans la playe, & guerissent avec le temps, ainsi que nos Religieux de Canada l’ont veu par experience d’une Grüe prise à Kebec, qui avoit esté frappee d’une flesche Huronne trois cent lieuës au-delà, & trouverent sur sa croupe la playe guerie, & le bout de la flesche avec sa pierre, enfermee dedans.
Référence :
SAGARD, Gabriel, Le grand voyage du pays des Hurons : suivi du Dictionnaire de la langue huronne, Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 1998, 528 p., édition critique par Jack Warwick.