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Jean-Paul PLUME | all galleries >> Galleries >> Priel sous la neige > La maison forestière
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06-JAN-2009

La maison forestière

Extrait du récit d'Arthur-Daniel BASTIEN, dragon de 1914 s'étant battu dans les environs de Pontru et notamment dans le bois où se situait le château du Grand-Priel.

Aussitôt caché dans le bois et après avoir remercié la Providence pour sa protection, j'attache mon cheval, couvert d'écume, et vérifie qu'on ne m'a pas poursuivi. Je reconnais les lieux qui sont inoccupés. Le bois est de petite dimension (1km sur 1km) et attenant à un château d'un côté et de l'autre à une maison forestière qui semble inoccupée. Je pénètre dans cette dernière en brisant un carreau. Par des lettres qui traînent sur un meuble, j'apprends que je suis chez Monsieur MONTAGNE, maison forestière du Grand Priel par HARGICOURT (Aisne) au lieu dit "LE BOIS DU ROI". Je lui emprunte sans hésiter, les quelques vivres que je découvre car je meurs de faim, aucune nourriture ne nous ayant été distribuée de la journée. J'emmène encore une veste et laisse un mot d'excuse, avec mon adresse et promesse de remboursement ultérieur, pour ces emprunts forcés. La nuit tombe et je juge plus prudent de regagner le bois où je m'étends dans les fougères, à côté de mon cheval. Mon sommeil est agité, la nuit est fraîche, et je me réveille plusieurs fois en grelottant. Le lendemain matin , j'essaie d'analyser la situation avec calme.

Il est de fait, qu'après la dispersion de l'escadron, la poursuite ennemie n'a pas été active: les troupes d'avant-garde ont une mission bien définie à remplir et ne peuvent perdre du temps à la poursuite de combattants isolés. La densité des lignes allemandes parait encore faible et je décide de tenter de regagner les lignes françaises.

Je retourne à la maison forestière et je "cambriole" cette fois le clapier, et goûte pour la première fois la saveur du lapin cru, très acceptable pour un homme affamé. Je dégarnis mon paquetage au maximum pour posséder, en cas de poursuite, l'avantage de la légèreté.

J'imagine ensuite de troquer ma veste et mon pantalon pour les effets civils de mon hôte involontaire. Cette tenue devait ne permettre, je le supposais, de passer à quelques distances pour un cavalier allemand à cause des teintes neutres de ces vêtements. C'était une folie qui pouvait me faire fusiller comme franc-tireur mais je croyais savoir que de toutes façons, les allemande ne faisaient pas de prisonniers isolés et exécutaient, séance tenante, les militaires égarés qu'ils pouvaient prendre. Il faut reconnaître que ce bruit était dénué de fondement. En tous cas il me confirma dans la nécessité de garder, sur moi, toutes mes armes, car j'étais décidé, en cas de surprise, à lutter jusqu'à la mort.
A peine sorti de la maison je vois venir dans le bois trois nouveaux occupants: ce sont trois fantassins anglais entièrement désorientés. Je leur fais cadeau du reste du lapin et leur indique la direction générale des troupes alliées (je connais l'anglais). Peu après je sors du couvert du bois et monte à cheval, lance au poing et revolver en poche, sabre au côté de la selle, suivi par le chien de la maison qui m'a pris en affection. Je prends la direction du sud, sud-ouest vers CARTIGNY. La plaine est d'abord dégagée et le hasard veut qu'après un kilomètre, je croise un habitant du pays qui reconnaît et appelle son chien. C'est le locataire de la maison forestière. Je lui renouvelle oralement mes excuses; il m'absout volontiers et me souhaite bonne chance. Je chemine évidemment à travers les champs, et, à la première route que je rencontre, j'aperçois, à 100 mètres, une voiture de boulanger, portant en grosses lettres sur la bâche, le nom du propriétaire. Je m'approche sans méfiance pour demander des renseignements, mais lorsque j'en suis à trente mètres, voilà que deux allemands en sortent et se mettent en devoir de me mettre en joue. Mon cheval a vite fait le demi-tour que je lui commande et je pars en zigzag, au galop. Bien m'en prend car nous ne recevons ni l'un ni l'autre aucun projectile malgré 1'adresse évidente des tireurs dont j'entends passer les balles à peu de distance avec leur sifflement caractéristique.

A une route suivante, c'est une automobile découverte de l'armée allemande qui passe juste devant moi. Deux officiers y sont installés. Je leur décoche deux balles de revolver, à leur grande surprise probablement. Sans cesser de rouler ils me rendent la pareille sans plus de succès. Quelques minutes d'observation dans un bosquet me persuadent que cet échange de politesse s'en tiendra là et je repars à travers champs.



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Lise Trempe14-Jan-2009 20:50
Récit très intéressant, cette maison a son histoire qui date de la première guerre. L'image en est encore plus vivante.
Gerard Koehl14-Jan-2009 18:59
Superbe photo et histoire intéressante. V
mario .n14-Jan-2009 17:28
Très interessant l'histoire de cette maison ! V
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