Visite des carrières de calcaire de Carrières-sur-Seine
A l'occasion des "Journées du Patrimoine 2014", je suis allé visiter les carrières de calcaire de la ville de Carrières-sur-Seine. Ces carrières sont intéressantes à la fois pas la découverte que l'on peut faire de leurs galeries et des techniques d'extraction, mais aussi parce qu'aujourd'hui elles permettent de découvrir les œuvres d'artistes sculpteurs qui viennent là pour travailler cette pierre et présenter leur travail.
Situé dans une des boucles de la Seine entre Nanterre et Saint-Germain-en-Laye, CARRIÈRES-SUR-SEINE est resté un village paisible, à peine envahi par les constructions de la banlieue parisienne. Éloigné des grandes voies de communications et principalement des ponts traversant la Seine, il a su garder son originalité contrairement à ces voisins Bezons, Houilles et Chatou où la voie ferrée et la route ont amené une population de plus en plus nombreuse.
A l’origine QUADRARIA (Forteresse carrée) puis QUARRARRIA et la QUARRIERE, ce village situé dans la falaise de la Seine était peuplé de pêcheurs et d’agriculteurs vivant dans des habitations troglodytiques.
Au 11e et 12e siècle, Carrières est un pauvre domaine, les activités principales sont la culture et les vignobles. Le premier acte officiel traitant de Carrières est une charte de 1137 de l’Abbé Suger, qui attache tout le revenu de la terre du village à la Trésorerie de l’Abbaye Saint-Denis. La même année, des lettres Royales de Louis VI octroient à Suger le droit de justice. C’est la naissance de la QUARRIERE-SAINT-DENYS. Le village restera sous l’emprise des Abbés de Saint-Denis jusqu’à la révolution.
Au cours des années, les moines agrandissent leurs biens, un moulin à vent fournit la farine. L’église fut élevée à partir de 1226 avec les pierres de la falaise. Elle dépendait de la paroisse de Houilles, village voisin. En 1250, Suger fit construire une bâtisse, à la fois manoir, grange aux dîmes et lieu de repos pour les moines. Elle reste encore visible face à l’église actuelle.
Au début du I7e siècle, les religieux de Saint-Denis possédaient un quart du territoire soit environ 50 hectares. Les biens sont mis en location aux habitants de Carrières, moyennant une redevance. La vente du vin et de la pierre à bâtir leur apportent des ressources supplémentaires. En 1789, la France s ’agite. Le 12 février 1790, le premier maire de Carrières est élu. En août 1791, les biens des moines de Carrières-Saint-Denis sont mis en vente comme bien national.
En 1905, à la demande du Conseil Municipal, le Président de la République accorde le changement du nom en CARRIÈRES-SUR-SEINE. Un journaliste de l’époque explique le changement de vocable pour la résolution d’ennuis postaux : "En effet, maintes et maintes fois, des lettres adressées à des habitants de Carrières filaient directement à Saint-Denis et, de là, erraient lamentablement dans tous les pays désignés par le vocable de Carrières et n’arrivaient finalement à leur destinataire qu’après de bien longues pérégrinations." N’oublions pas que nous étions en pleine période anticléricale.
Un mot est resté inchangé, celui de CARRIÈRES, il indiquera toujours que l’activité principale de la commune était l’extraction de la pierre à bâtir.
Au Mont-Valérien ont été exploités les sables de Fontainebleau, le gypse pour la fabrication au plâtre et le calcaire grossier. Par contre dans la boucle de la Seine, où se trouve Carrières-sur-Seine, il ne reste qu’un plateau formé de marnes et caillasses et le calcaire du lutétien. Celui-ci affleurant à proximité de la Seine sur toute sa puissance (environ 20 m), le peu de recouvrement des marnes et caillasses sur le plateau (de 1 à 10 m) sont autant de facteurs facilitant son extraction.
Le répertoire des carrières de pierre de taille exploitées en 1889 donne la coupe d’une exploitation située au lieudit "La Plaine" pour une masse exploitée de 4,70 m à 6,00 m : Banc blanc 1,00 à 1,40 m, Banc sorcier 0,50 à 0,60 m, Deux Bancs grognards 0,80 à 0,90 m, Banc Jaun