Pendant la "grande guerre", la municipalite d'Aulnay a du affronter une situation execptionnelle, tout en assurant le fonctionnement d'une agglomeration de 7000 habitants et plus de 2000 hommes mobilises.
Les deliberations du conseil municipal temoignent de l'implication progressive des civils dans le conflit.

Un vent de panique a suivi la declaration de guerre: les epiceries n'ont plus rien a vendre. le 3 Aout 1914, les elus decident un approvisionnement massif en denrees de premiere necessite pour empecher la speculation. Entre le 5 etle 7 Aout, les hommes mobilises rejoignent leurs unites. Le maire, Isidore Nerat, affiche bientot la premiere liste des morts au combat sosu le porche de la mairie, installee alors dans le groupe scolaire du Parc, place des Ecoles (de nos jours Camelinat).
En Septembre, il faut heberger 2 regiments d'infanterie pendant 3 semaines. En Decembre, 10 Aulnaysiens sont prisonniers. Les comportements et les mentalites sont modifies par la guerre.
En Mai 1915, les enfants des ecoles demandent que "le montant des prix scolaires dont ils font le sacrifice soit employe pour venir en aide a nos soldats qui defendent si courageusement le sol de la patrie".
Les femmes prennent peu a peu le chemin des usines : en Juillet la municipalite accepte et subventionne la creation d'un atelier de confection militaire dans l'actuelle rue Tournadour. Pain pour les prisonniers, Noel pour les enfants des refugies, envoi de tabac et de chocolat aux soldats du Front, fourniture de vetements aux enfants des mobilises : l'annee se termine en grand elan de solidarite.
La guerre, que l'on croyait courte, est bien installee. En Juin 1916, les cartes de rationnement du sucre apparaissent, et en Septembre la municipalite decide l'envoi d'un colis de victuailles a ceux du Front.
L'hopital des Femmes de France, membres de la Croix Rouge fonctionne dans le magasin Casino pres de la place Jeanne d'Arc. En Octobre, la construction d'un monument aux morts provisoire est decidee...
La penurie de bras et de biens s'aggrave en 1917. Le charbon et le petrole sont rationnes. Le lait condense en boite fait son apparition. Le conseil municipal demande des sursis d'incorporation pour le boulanger du vieux pays et pour le bourrelier qui doit ferrer les betes avant la moissson.
Des soldats Indochinois travaillent a la ferme de Savigny. De plus en plus presente, la mort se bureaucratise : un diplome est remis aux familles des victimes de la guerre apres convocation. Cent Aulnaysiens sont prisonniers en Janvier 1918. Le pain est rationne en Fevrier. La guerre aerienne menace Paris et sa banlieue. En Mars la municipalite met en place un reseau d'abris puis fait installer une puissante sirene sur le campanile de la gare. Pendant l'ete et l'automne la population grossit : refugies, troupes de passage, trains sanitaires stationnes a la gare d'Aulnay, soldats convalescents a Bigotini font d'Aulnay une ville de 10.000 habitants.
L'armistice est proclame le 11 Novembre 1918. La guerre etait finie mais les difficultes quotidiennes ne l'etaient pas. Le conseil municipal du 28 Novembre limite le prix de la viande de boeuf et annonce la livraison de 1 000 boites de lait condense.
Les soldats demobilises et les 128 prisonniers de guerre regagneront peu a peu leurs foyers; ils retrouveront leur petite ville modernisee, la voirie amelioree, les ecoles agrandies, mais 256 noms seront inscrits sur le monument aux morts erige en 1922.

Source CAHRA, parution dans le magazine OXYGENE Numero 148 - Novembre 1997