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Christophe Quirion | profile | all galleries >> Reportage >> La famille Muliqi tree view | thumbnails | slideshow

La famille Muliqi

page 1 . Les Muliqi dans leur abris
page 2 . Leur visite à Pristina (N&B)

Les Muliqi font du camping. Ils sont dans une tente avec leurs enfants. Il fait très chaud. Ils campent aux pieds de ruines, à la campagne, chez eux, au Kosovo. Mais les ruines sont celles de leur maison, brûlée pendant le conflit de 1999 qui avait opposé les forces serbes aux bombardiers de l’Otan et aux guérilleros indépendantistes albanais. Ils n’ont pas d’électricité ni d’eau. La tente appartient à un voisin qui leur a aussi trouvé des vieux tapis pour dormir. Ils viennent d’être expulsés de France. Leur vie tient dans 2 sacs, le troisième s’est perdu à l’aéroport.

En 1999, après le bombardement de l’Otan, Labinot Muliqi part pour le Monténégro et y rencontre Adelina. En 2002 ils tentent leur chance et partent clandestinement pour la France. Le passeur leur avait promis Paris mais les laisse à Orléans. Aidés par les services sociaux et les associations locales ils vivotent là pendant 5 ans, de chambres d’hôtels en centres d’hébergement. 3 enfants naissent entre temps et l’aîné est scolarisé. Mais le 21 août au matin la police « sur ordre de la Préfecture » vient arrêter la famille Muliqi. Pour éviter qu’ils ne se révoltent les policiers leur mentent sur la destination. Quand ils voient l’avion, les Muliqi comprennent. Avant d’embarquer on les menace: s’ils se débattent, on les met en prison et leurs enfants finiront chez une famille d’accueil… Alors ils se résignent et atterrissent au Kosovo.

Les 3 enfants jouent avec ce qu’ils trouvent, ils sont couverts d’écorchures, la tente est entourée de ronces et de racines. Laurent, 4 ans, demande pourquoi ils n’ont plus de maison. Il s’ennuie: il veut retourner à l’école pour voir ses amis Maliq, Victor, Morgane, Léo, Brandon, Mathilde,sa maîtresse Natacha. La petite Albiona, 1 an, vomit, elle est toujours malade. Les deux plus jeunes enfants avaient été examinés la veille de leur expulsion par un médecin qui devait les revoir. La préfecture est passée outre l’avis médical. Maintenant l’absence d’hygiène n’arrange rien.

Labinot Muliqi fait tout pour ne pas pleurer devant ses enfants. Dans un bon français, il constate: « les français ne nous aiment pas, mais les kosovars ne nous aiment pas non plus… Je peux pas rentrer en France, mais c’est pas possible de rester ici, ici j’ai rien. »

Il a 25 ans, une femme, 3 enfants qui totalisent 6 ans et pas d’avenir. Cette absence d’espoir lui donne le vertige; la France l’a expulsé dans le vide. Il n’a pas l’argent pour payer de nouveau un passeur et quitter le Kosovo. Mais ici, il n’a toujours pas d’avenir possible. Pas de maison, pas de proches. Sans relations, aucune chance de trouver un travail dans cette province où le taux de chômage dépasse les 50%, où le salaire mensuel est en dessous de 150 euros. Il n’a reçu que quelques euros des rares personnes qu’il connaît encore au Kosovo et il sait que tout dépendra maintenant du soutien des milieux associatifs français.

Sous la tente, les mouches se promènent sur les enfants, la chaleur est accablante. Mais Labinot Muliqi n’y pense pas, ce qui l’inquiète c’est les deux mois qui le séparent seulement des rigueurs de l’hiver kosovar. Deux mois pour sortir de cette tente, pour inventer une vie, à partir de rien.
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La famille Muliqi devant la tente prêtée par un voisin Dans leur nouvel abris Le coin cuisine
Labinot s'inquiète pour ses enfants Les mouches sont partout Au téléphone avec les parents d'Adelina, vivant regularisés en France
Le seul jouet des enfants La famille Muliqi désespère Labinot dans les ruines de sa maison
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