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24 Juin 1962 jmo

Au sommet du Palas (2974 m) le 24 juin 1962

Vallée d'Ossau - Pyrenees

Aprés l'escalade du Piton Von Martin
Bernard Borneuf, Christine Ollivier, Jean Ollivier et le Dr. Paul Nougué (à droite)
Dimanche 24 Juin 1962 – Piton Von Martin au Palas.
Cordées : Paul Nougué le toubib et Jean, Christine et Bernard.

Récit de l'ascension

C’est la St Jean. Les douleurs consécutives à l’accident du 10 Juin m’ont quitté, mon arcade soucilière est cicatrisée et le toubib Paul Nougué souhaite faire le Palas. Je n’hésite pas longtemps malgré ma convalescence pas tout à fait terminée et lui propose l’escalade du Piton Von Martin, solution élégante pour gravir le Palas. Christine, ma sœur, et Bernard son mari sont intéressés par cette sortie.
Départ à 5h de Pau dans la 403 de Paul. Arrivée à Soques à 6h15. Le temps, maussade en plaine, est radieux ici. Reste à arpenter l’interminable val d’Arrius. Malgré un court sommeil (pas même 3h30), je marche bien, sans éprouver cette étrange langueur consécutive aux nuits trop courtes. Arrêt casse-croûte entre deux grand névés avant de poursuivre, l’estomac satisfait, vers le col d’Arrius. Dès le col franchi, Palas et Balaîtous se découvrent, radieux, nimbés d’une légère brume qui les rend encore plus majestueux, entourés qu’ils sont d’un vaste tapis de neige. Les lacs d’Arrius et d’Arrémoulit sont gelés, mais non l’immense lac d’Artouste, d’un bleu indigo profond.
Court arrêt au refuge d’Arrémoulit. J’ai évidemment un peu sommeil mais ça va. Le toubib commence à s’inquiéter des ampoules qui ont fleuri sur ses pieds à cause de ses souliers neufs.
La montée vers la brèche du Piton Von Martin se fait à marche régulière sur une pente de bonne neige qui se redresse progressivement. Le toubib traîne un peu, mais nous avons le temps. Le pied de la paroi est atteint à 11h20, ce qui est largement suffisant pour faire la course.
Nous sommes remplis de satisfaction par la seule balade qui nous a conduits ici, particulièrement le toubib qui manifeste sa joie en braillant les pires jurons comme un forcené. Le casse-croûte préliminaire à l’escalade se prend en toute décontraction. Nous sommes étalés au soleil, face au sud. Il fait bon.
Il s’agit d’attaquer maintenant. L’escalade semble facile mais le rocher est trompeur ! Bernard s’y laisse prendre comme un enfant. La première longueur nécessite déjà un piton d’assurance car elle réserve un surplomb et des prises déversées. Bernard part à droite dans un dièdre où il a repéré une cornière toute neuve et s’empresse de la récupérer au lieu de l’utiliser comme point d’assurance. A force d’être âpre au gain on finit par se comporter de façon absurde. Ma vie contre une cornière !
Toubib suit avec quelques difficultés (ses 110 kg m’inquiètent énormément !) dans cette première longueur. La seconde est plus facile. L’itinéraire devient ensuite moins évident, mais un anneau de corde nous indique la voie à suivre. Elle s’oriente vers le sud. Une cheminée évasée nous conduit sur une bonne plate-forme. Cette dernière est surmontée de grandes lames de granit et un ressaut pitonné amusant. L’arrivée sur l’arête se fait sur du bon rocher. La suite se déroule sur plusieures longueurs faciles, en versant Nord. Au moment où nous abordons un versant Sud baigné de soleil quelques nuages font leur apparition. Une partie de la progression se fait sur le fil de l’arête, assez aérien mais facile, tantôt versant sud, tantôt versant nord. Lorsque nous arrivons au sommet des grondements lointains se font entendre : l’orage se prépare.
Nous prenons néanmoins notre temps pour nous restaurer, boire et faire des photos. Descente vers la brèche Ledormeur évidente et peu difficile pendant que le temps tourne à la grisaille. Nous descendons une longue cheminée pour rejoindre le névé de base. Tout se passe bien jusqu’au moment où le toubib rate sa ramasse sur le raide névé et le dévale sur les fesses sans plus rien contrôler jusqu’à ce que la pente du névé diminue. Je lui fais remarquer qu’il est dangereux de ne pas maîtriser sa vitesse de descente sur un névé de début d’été, tassé et très glissant. On ne sait jamais comment il se termine. Je me demande s’il a compris.
Au col du Palas le toubib part devant à cause de ses ampoules qui le font souffrir méchamment. Longues glissades jusqu’au refuge d’Arrémoulit, longue descente du val d’Arrius.
En conclusion on peut dire que cette courses a été bien menée, avec une seule petite erreur d’itinéraire. Ce qui a réglé un relativement vieux compte.


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