Au matin empesé de fatigue qui frissonne
Je te quitte ma belle, je t’abandonne
M’enfuis sur les routes enneigées et monotones
Te laisse bergère esseulée en tes songes qui moutonnent

Moi, les yeux rougis de longues veilles
Je fends la nuit privé de sommeil
Toi, le doute de ma caresse fortuite encore t’émerveille
Et t’accompagne intriguée jusqu’au réveil

Un soupir dans le noir m’a fait partager ton rêve
Je m’y suis raccroché tel un naufragé à la grève
Tu m’as ménagé une petite place dans ce destin façonné
Je me suis invité discret dans ton jardin secret

Sur la route qui me sépare désormais de ce champ feutré
Je revis les lignes douces de ton portrait
Mais déjà le neige estompe les traces de mon passage
Recouvre d’un molleton blanc ton corps alangui et sage

Demain, au jour de nos retrouvailles
Nous souviendrons nous de cette invite au sérail ?
Mieux qu’un aveu, un regard complice
En scellera les délices

Dans la confusion des ombres nos âmes égarées
Braverons encore les heures sombres pour se retrouver



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